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OBÉSITÉ et ALCOOLISME : Des risques associés, une addiction en compense une autre

Actualité publiée il y a 13 années 8 mois 3 semaines
Archives of General Psychiatry

Des chercheurs spécialistes en toxicomanie de la Washington University School of Medicine (St. Louis) concluent que le risque d’alcoolisme expose également au risque d'obésité. Les chercheurs constatent une association de plus en plus importante entre des antécédents familiaux d'alcoolisme et le risque d'obésité, ces dernières années. En résumé, les personnes ayant des antécédents familiaux d'alcoolisme, donc étant à risque plus élevé d’alcoolisme, sont plus susceptibles, aujourd’hui, de souffrir d’obésité. Des conclusions publiées dans l’édition de décembre des Archives of General Psychiatry.

"En recherche en toxicomanie, nous étudions régulièrement ce que nous appelons l'héritabilité croisée (cross-heritability) entre différents troubles c'est-à-dire si une prédisposition génétique peut contribuer au développement d'une autre maladie», explique l'auteur de l'article, le Pr. Richard A. Grucza. "Par exemple, il existe une héritabilité croisée entre l'alcoolisme et la toxicomanie. Cette nouvelle étude montre une héritabilité croisée entre alcoolisme et obésité, mais précise que cette association est liée aussi à l'environnement. Et justement, notre environnement a beaucoup évolué ces deux dernières décennies."


Cette étude démontre que les individus ayant des antécédents familiaux d'alcoolisme, en particulier les femmes, ont un risque d'obésité élevé. Une conclusion essentielle au regard de la progression de la prévalence de l'obésité et de ses comorbidités : L'obésité aux États-Unis a doublé au cours des dernières décennies touchant 15% de la population dans les années 1970 à 35% en 2010. En France, également, avec 19% des enfants et 15% à 16% des adultes, touchés par l'obésité ou le surpoids. On sait bien que les personnes obèses à un indice de masse corporelle (IMC) de 30 ou plus ont un risque élevé d'hypertension artérielle, de diabète, de maladies cardiaques, d'accidents vasculaires cérébraux et de certains cancers.

Quand certains aliments viennent compenser la prédisposition à l'addiction : Le Pr. Grucza, professeur adjoint de psychiatrie, et son équipe montrent aussi que ce risque a tendance à augmenter. Il émet l'hypothèse que c'est le résultat de modifications dans notre alimentation et de la consommation de certains aliments qui interagissent avec les mêmes aires cérébrales que les drogues addictives. "Une grande partie de ce que nous consommons aujourd'hui contient plus de calories que la nourriture que des années 1970 et 1980, en particulier en ce qui concerne les associations de sucre, de sel et de matières grasses qui font appel à ce qu'on appelle communément les circuits de récompense dans le cerveau », explique Le Pr. Grucza. « L'alcool et les drogues affectent les mêmes parties du cerveau, et parce que les mêmes structures cérébrales sont stimulées par ces « nouveaux aliments », leur surconsommation pourrait être plus élevée chez les personnes ayant une prédisposition à la dépendance. »

Un risque d'obésité 49% plus élevé chez les femmes à antécédents familiaux d'alcoolisme : L'équipe a ainsi analysé les données provenant de deux grandes enquêtes sur l'alcoolisme menées durant ces deux dernières décennies : La National Longitudinal Alcohol Epidemiologic Survey et la National Epidemiologic Survey on Alcohol and Related Conditions qui portent, au total, sur près de 80.000 personnes. Les chercheurs constatent, en 2001 et 2002, que les femmes à antécédents familiaux d'alcoolisme ont un risque d'obésité de 49% plus élevé que les femmes sans antécédents. Une relation identique, mais moins frappante est constatée également chez les hommes.

Une explication possible de l'obésité chez les personnes ayant des antécédents familiaux d'alcoolisme, serait que certaines personnes remplacent une dépendance par une autre. «Ironiquement, les alcooliques ont tendance à se sous-alimenter donc à ne pas souffrir d'obésité ». Selon les chercheurs, cette association devrait être prise en compte par les chercheurs ou les praticiens pour la prise en charge de l'obésité.