OBÉSITÉ: Quelques neurones de trop responsables de quelques kilos de trop
Ces nouveaux neurones qui se développent dans une région bien particulière du cerveau, l'hypothalamus, pourraient entraîner la prise de poids. Car la neurogenèse dans cette partie du cerveau entraîne un stockage des graisses, selon cette étude menée sur l’animal, par des scientifiques du Johns Hopkins. Leurs conclusions publiées dans l’édition du 25 mars de Nature Neuroscience suggèrent qu’inhiber cette prolifération de neurones ouvre une nouvelle voie de traitement de l’obésité.
L'auteur principal, le Pr Seth Blackshaw, professeur agrégé au Département Neurosciences de l'Université Johns Hopkins rappelle, en préambule, que l'idée que le cerveau continue à produire de nouvelles cellules nerveuses, ou neurones, à l'âge adulte, est aujourd'hui établie. Cependant, ce processus, appelé neurogenèse, avait jusqu'ici été suggéré dans seulement 2 régions du cerveau, l'hippocampe, impliquée dans la mémoire, et le bulbe olfactif, impliqué dans l'odorat. Mais de nouvelles recherches suggèrent qu'une 3è zone du cerveau, l'hypothalamus, une région associée à toute une variété de fonctions corporelles, dont le sommeil, la température du corps, la faim et la soif produit également de nouveaux neurones. Néanmoins, la source précise de cette neurogenèse et la fonction de ces nouveaux neurones restent un mystère.
Quelle croissance cellulaire dans l'hypothalamus? Les chercheurs ont entrepris de savoir, par étude sur des souris, si une partie de l'hypothalamus présente un niveau particulièrement élevé de croissance cellulaire. Les souris ont reçu des injections de bromodésoxyuridine (BrdU), un composé qui s'intègre dans l'ADN « fraîchement » répliqué des cellules en division et qui reste, ensuite, facilement détectable. Au bout de quelques jours, les chercheurs trouvent des niveaux élevés de BrdU dans une zone de l'hypothalamus appelée éminence médiane. D'autres tests montrent alors que ces cellules « à prolifération rapide » sont des tanycytes, et par fluorescence dans les tanycytes, retrouvée ensuite dans les neurones, les chercheurs montrent que ces cellules tanycytes sont bien progénitrices de neurones.
Une neurogenèse responsable de la régulation du poids, du stockage des graisses et de la dépense énergétique : Les chercheurs abordent ensuite la question de la fonction de la neurogenèse hypothalamique et regardent si, en regard d'études précédentes, elle peut jouer un rôle dans le développement de l'obésité. Or des souris nourries avec un régime riche en graisses montrent une neurogenèse multipliée par 4 et concomitamment une prise de poids et de masse graisseuse plus élevée que les animaux nourris normalement. Lorsque les chercheurs suppriment ces nouveaux neurones par irradiation de l'éminence médiane de l'hypothalamus, alors les souris prennent significativement moins de poids et de graisse, suggérant ainsi que ces nouveaux neurones jouent un rôle crucial dans la régulation du poids, le stockage des graisses et la dépense énergétique.
De nouveaux neurones dans le cerveau ne sont pas forcément une bonne chose, conclut le Pr Blackshaw qui ajoute que cette neurogenèse hypothalamique s'est probablement développée pour permettre aux animaux sauvages de survivre en stockant l'énergie aux rares occasions d'abondance de nourriture. Mais dans nos pays développés où l'alimentation est abondante, cette neurogenèse ciblée encourage plutôt une prise de poids excessive. Les chercheurs réfléchissent donc maintenant au moyen de traiter l'obésité en inhibant la neurogenèse hypothalamique.
Source: Nature Neuroscience 15, 700-702 doi:10.1038/nn.3079 Tanycytes of the hypothalamic median eminence form a diet-responsive neurogenic niche (Visuel @ courtesy of Daniel Lee, Neuroscience PhD student-John Hopkins« GFAP expression in tanycytes of MSG-injured mouse hypothalamus ».
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