PALUDISME: Identification d'un marqueur moléculaire de la résistance
Ces nouveaux défis résident essentiellement dans le développement et l’émergence de nouvelles formes de paludisme résistantes. Ainsi, l’émergence de la résistance à l'artémisinine en Thaïlande a imposé un défi critique à la lutte mondiale contre le paludisme. C’est l’objet d’une étude (1), publiée dans l’édition du 5 avril du Lancet menée par des chercheurs de l'Institut de recherche biomédicale au Texas et leurs collaborateurs thaïlandais. Face à ce défi, un grand pas de la recherche, la découverte d’une région importante du génome du parasite du paludisme, associé à cette résistance à l'artémisinine, qui laisse espérer de prochains marqueurs moléculaires permettant la surveillance de la propagation de la résistance. Ces tout derniers résultats (2) viennent, au même moment d’être publiées dans l’édition du de la revue science.
A noter, ces 2 études scientifiques ont été financées par le National Institutes of Health (NIH) et le Wellcome Trust. Le paludisme es responsable de 655.000 décès chaque année, soit plus d'un par minute. Des chiffres marquants, parfois controversés, voire même doublés, qui justifient ces recherches de grande ampleur mais qui cachent, tout de même une diminution de 30% au cours de cette dernière décennie. Prévention vectorielle, surveillance épidémiologique et traitement par associations médicamenteuses ont permis de juguler la propagation.
Mais la résistance se développe : Première alerte au Cambodge relayée par l'OMS mais qui a déclenché un effort mondial pour éliminer la maladie dans cette région. De 2001 à 2010, l'équipe de l'Institut de recherche biomédicale au Texas a suivi 3.202 patients au nord-ouest de la Thaïlande et ont pu observer et analyser la baisse d'efficacité des traitements sur place et, conjointement, la propagation des gènes de résistance. «La propagation de parasites résistants en Asie du Sud puis en Afrique subsaharienne, où la plupart des décès dus au paludisme surviennent, serait un désastre de santé publique avec des millions de morts à la clé », explique le Pr Standwell Nkhoma, auteur du rapport publié dans le Lancet. Le traitement par l'artémisinine risque aujourd'hui de favoriser la propagation de la résistance, mais il n'y a pas de traitements alternatifs en Asie du Sud.
Les auteurs ont donc cherché à comprendre les modifications génétiques dans ces parasites résistants, explique Ian Cheeseman, auteur principal de l'étude publiée dans Science. « Notre recherche cible une région du génome du parasite d'environ 10 gènes ». Les chercheurs ont comparé les variantes génétiques de génomes de parasites en provenance du Laos, encore sensibles à l'artémisinine, avec ces parasites en provenance du Cambodge à niveaux élevés de résistance et d'autres de la Thaïlande, de parasites à la fois résistants et sensibles. Ils ont ainsi identifié 33 régions du génome différentes sur les parasites en provenance des 3 pays. En examinant ces régions, les scientifiques sont tombés sur une petite section du génome du parasite du paludisme du chromosome 13 fortement associée à la résistance du parasite.
Vers l'identification d'un marqueur moléculaire de la résistance ? Ce sera une formidable découverte qui permettra de surveiller la propagation de la résistance, de comprendre comment elle se développe, et de développer un mécanisme d'action médicamenteux correspondant. L'identification de cette petite section du génome est donc une avancée majeure dans la lutte contre le paludisme.
Sources:
1- The Lancet, Early Online Publication, 5 April 2012 doi:10.1016/S0140-6736(12)60484-X Emergence of artemisinin-resistant malaria on the western border of Thailand: a longitudinal study
2- Science, 6 April 2012: 79-82. DOI:10.1126/science.1215966 A Major Genome Region Underlying Artemisinin Resistance in Malaria (Visuel Pasteur)
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