PALUDISME : Le monde risque de perdre son traitement le plus efficace, l'artémisinine
Si rien n’était fait très rapidement pour prévenir l’apparition et la propagation de parasites pharmacorésistants, le monde risque de perdre son traitement le plus efficace contre le paludisme. Selon ce nouveau plan d’action de l’OMS et du partenariat Roll Back Malaria (RBM), établi avec plus de 100 experts et financé par la Fondation Bill et Melinda Gates, les résistances aux artémisinines, principe actif du traitement de première intention contre la forme la plus mortelle de paludisme, celui à falciparum, menacent l’ensemble des progrès réalisés. Si les associations à base d’artémisinine restent actuellement efficaces à plus de 90% au niveau mondial, il est essentiel d’agir vite.
L'artésunate est recommandée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme le meilleur traitement du paludisme chez l'adulte, est donc aujourd'hui à préférer également à la quinine pour le traitement des enfants atteints. L'artémisinine, son principe actif, est issue d'une plante chinoise, l'armoise. Le paludisme sévère tue près d'un million de personnes chaque année, principalement de jeunes enfants et des femmes enceintes. La maladie est causée par des parasites transmis par des moustiques infectés. Le paludisme grave est l'une des raisons principales d'hospitalisation des enfants en Afrique sub-saharienne, et un enfant sur dix enfants hospitalisés en meurt.
Ce plan, intitulé Global Plan for Artemisinin Resistance Containment, présente les mesures à prendre pour endiguer et prévenir la résistance aux artémisinines, l'arme la plus efficace contre la forme la plus mortelle de paludisme, celui à falciparum. Au cours de la dernière décennie, le nombre de cas de paludisme a chuté de plus de la moitié dans 40% des pays d'endémie palustre, et les estimations suggèrent que près de 750.000 vies ont été sauvées en Afrique seulement. Mais ces progrès sont fragiles.
Une résistance aux artémisinines est déjà présente dans certaines zones, comme à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande. D'autres foyers suspects ont été identifiés dans la sous-région du Grand Mékong, mais ne sont pas encore confirmés. Si ces traitements cessent d'être efficaces, de nombreux pays n'auront aucune solution de rechange.
Le monde doit se mobiliser immédiatement pour contenir la résistance à l'artémisinine dans ces points chauds et d'arrêter sa propagation à de nouveaux domaines. Ce Plan global de lutte contre la résistance à l'artémisinine (GPARC) est un appel à l'action pour tous les états membres de l'OMS.
Il établit un plan d'attaque afin de protéger les ACT, en agissant sur cinq fronts:
· Arrêter la propagation des parasites résistants : Selon le plan mondial, le coût supplémentaire sera de 10 à 20 dollars par personne dans les régions où la résistance est confirmée et de 8 à 10 dollars par personne dans les zones à risque du Bassin du Mékong.
· Accroître le contrôle et la surveillance de la résistance aux artémisinines : L'OMS estime que seuls 31 des 75 pays qui devraient tester systématiquement l'efficacité des ACT le font effectivement.
· Améliorer l'accès aux tests de diagnostic du paludisme et au traitement : L'utilisation d'ACT à mauvais escient peut accroître le risque de résistance.
· Investir dans la recherche sur la résistance aux artémisinines,
· favoriser l'action et mobiliser de nouvelles ressources, notamment financières.
En novembre 2011, The Lancet publiait les conclusions du plus grand essai clinique jamais réalisé sur des patients hospitalisés atteints de paludisme confirmant que l'artésunate (artémisinine), doit être désormais le traitement de première intention que ce soit pour les adultes ou les enfants, partout dans le monde et invitait déjà à un changement général de directives de traitement pour les formes sévères de paludisme dans le monde entier.