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PALUDISME : Un moustique exophile ouvre une brèche dans la lutte antipaludique

Actualité publiée il y a 13 années 9 mois 1 semaine
Science-Nature.com

Des chercheurs ont découvert une sous-espèce de moustiques porteurs du paludisme, exophiles, c’est-à-dire qui vivent à l’extérieur des habitations. Cette découverte, rapportée dans l’édition du 4 février de la revue Science, met en évidence une lacune importante dans les méthodes actuelles de lutte contre le paludisme, principalement dirigées vers l’intérieur des habitations.

Certains sous-groupes de moustiques vecteurs du paludisme, en Afrique, du type Anopheles gambiae n'avaient pas, jusque là, été caractérisés. Dans la zone de savane aride de l'Afrique occidentale, où les sites de ponte potentiels sont rares, la collecte généralisée dans les habitations ou aux alentours ont donné un aperçu des sous-groupes génétiques A. gambiae. Mais un sous-groupe jusqu'alors inconnu de A. gambiae, exophile, serait lui, bien plus sensible à l'infection par Plasmodium falciparum. Ces résultats auront des conséquences importantes en termes de transmission et de contrôle du paludisme.


Les notions d'exophilie et d'entophilie, qui ont été définie dès le début du 20è siècle par un entomologiste concernent les insectes qui vivent respectivement à l'extérieur et à l'intérieur des maisons. Est considéré par comme exophile, tout moustique qui se repose pendant la digestion de son repas de sang dans un abri extérieur aux habitations humaines. Au contraire tout moustique qui reste dans les habitations après son repas de sang est considéré comme entophile.

1 à 3 millions de personnes meurent du paludisme chaque année, dont environ 710.000 personnes en Afrique sub-saharienne et principalement des nourrissons, des jeunes enfants et des femmes enceintes. La maladie se manifeste par de la fièvre, des maux de tête et des vomissements qui apparaissent généralement dix à quinze jours après la piqûre de l'insecte. Ses formes graves sont, invalidantes. En l'absence de traitement, la maladie est à l'origine de complications potentiellement mortelles : coma, anémie sévère, convulsions généralisées, œdème pulmonaire, hémorragies…

La forme la plus dangereuse de la maladie est causée par le Plasmodium falciparum, transmis par des moustiques, principalement des espèces Anopheles gambiae. Les larves de moustiques vivent dans l'eau, mais jusqu'à maintenant, les insectes adultes étaient censés vivre principalement dans les habitations…

Ce sous-groupe de moustiques est un sous-type de A. gambiae surnommé « Goundry », du nom d'un village au Burkina Faso où il a été identifié, pourrait être l'une des raisons pour lesquelles les tentatives d'éradication n'ont pas été entièrement couronnées de succès. Contrairement à d'autres espèces A. gambiae, les moustiques adultes Goundry passent leur temps à l'extérieur, évitant ainsi sprays d'insecticide d'intérieur. En outre, ce groupe acquiert le parasite plus facilement que les autres espèces.

L'hypothèse qu'A. Gambiae agisse et puisse être éradiqué à l'intérieur des habitations tombe. Mais la collecte d'espèces de moustiques adultes à l'extérieur est difficile: les pièges à moustiques alléchant avec des appâts artificiels sont inefficaces, et l'utilisation d'appâts humains est interdite. L'équipe de chercheurs a donc recueilli des larves dans des flaques extérieures autour des villages pendant la saison des pluies au Burkina Faso, et les ont « élevées » jusqu'à l'âge adulte en laboratoire. Les chercheurs ont comparés ces moustiques avec des moustiques adultes capturés à l'intérieur. Ils ont constaté que les insectes capturés à l'intérieur se composaient de deux types génétiques déjà connus de l'espèce A. gambiae. Les moustiques capturés en plein air appartenaient à 3 types distincts, aux deux premiers, déjà connus et 58% au groupe « Goundry » jusqu'alors inconnu.

L'existence possible d'un moustique « de plein air » qui transmette le paludisme est apparue dans les années 1970, après l'échec d'un programme d'éradication mené par l'OMS au Nigeria. Pesticides et traitements ont été utilisés dans la région depuis plusieurs années, mais le paludisme a persisté.

L'identification de ce moustique exophile pourrait bien compliquer fortement la lutte antipaludique.