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PARODONTITE : Les omega-3 pour régénérer la gencive

Actualité publiée il y a 3 années 11 mois 11 heures
Frontiers in Immunology
Ces 2 protéines, la marésine et la résolvine, synthétisées à partir d'acide gras, stimulent les cellules souches du ligament parodontal même en présence d'inflammation (Visuel Adobe Stock 84742781).

On commence à cerner le rôle clé des bactéries buccales associées à la parodontite, dans le développement des maladies cardiaques. Pour contrer les effets de la maladie des gencives, sur la santé dentaire mais aussi sur le risque de développement de maladies cardio-métaboliques, il existe un besoin énorme de thérapies de renforcement du ligament parodontal. Cette équipe brésilienne de la São Paulo Research Foundation (FAPESP) revient sur 2 molécules dérivées des oméga-3 qui pourraient contribuer à régénérer le tissu parodontal enflammé. Ces travaux, présentés dans la revue Frontiers Immunology montrent ainsi que ces 2 protéines, la marésine et la résolvine, synthétisées à partir d'acide gras, stimulent les cellules souches du ligament parodontal même en présence d'inflammation.

 

Ces 2 molécules produites par l'organisme à partir d'acides gras oméga-3, la marésine et la résolvine pourraient ainsi permettre de lutter contre l’inflammation locale est l'un des défis du traitement de la maladie parodontale. La parodontite détruit les tissus qui maintiennent les dents dans la bouche, et si une thérapie par cellules souches peut stimuler la régénération de ces structures chez des modèles animaux in vivo, chez l'Homme, les résultats sont moins concluants en raison de l'inflammation.

La pharmacologie de résolution, une nouvelle approche anti-inflammatoire

un nouvel axe de recherche qui vise à révolutionner l'approche actuelle des médicaments anti-inflammatoires.

Cette équipe étudie depuis longtemps les mécanismes qui pourraient venir à bout de l'inflammation dans le parodonte. Depuis quelques années, sont étudiés ces médiateurs lipidiques pro-résolution, tels que la maresine et la résolvine. Ces molécules, présentes également dans le lait maternel humain sont un véritable réservoir de biomolécules qui luttent contre inflammation. Cependant, certaines personnes n'en produisent pas suffisamment, et chez d'autres sujets, leurs fonctions apparaissent comme modifiées.

 

Stimuler la libération de ces biomolécules pourrait être un moyen d'améliorer le taux de réussite des thérapies régénératives. C’est justement la démonstration de cette étude qui décrit comment « ces médiateurs améliorent la capacité de régénération des cellules souches même en présence d'inflammation », explique l’auteur principal, Marinella Holzhausen Caldeira, professeur expert en parodontie.

 

2 biomolécules pro-régénération malgré l’inflammation : à l’aide de 2 environnements in vitro développés pour les cellules souches, l'un représentant un tissu enflammé rempli de cytokines pro-inflammatoires et l'autre simulant l'étape de résolution de l'inflammation, les scientifiques montrent que si l’inflammation réduit l'activité des cellules souches, l’ajout de marésine et de résolvine permet d’accroître la capacité de prolifération, de migration et de différentiation des cellules souches. En synthèse, les biomolécules induisent activement les cellules souches à acquérir des propriétés similaires à celles des cimentoblastes parodontaux, des fibroblastes et des ostéoblastes.

 

Créer un environnement buccodentaire favorable au bon fonctionnement des cellules souches, c’est donc la clé de la réussite et l’action, justement de ces 2 molécules. Mais il s’agit encore de comprendre comment utiliser la marésine et la résolvine en thérapeutique. Comment l'organisme sera-t-il capable de synthétiser ces médiateurs ?

Il existe bien une autre solution : les omega-3 !

Une possibilité serait d’utiliser leur précurseur, les omega-3, via une supplémentation. Une supplémentation en omega-3 donc, d’ailleurs déjà documentée comme bénéfique en combinaison avec une thérapie parodontale de base qui permet l'élimination du biofilm. Une autre possibilité encore, pourrait être de traiter les cellules souches avec de la marésine et de la résolvine avant de les utiliser en thérapie régénérative afin de rendre le traitement plus efficace.

 

La découverte pourrait favoriser des avancées dans le traitement d'autres affections. Comprendre comment ces médiateurs activent le processus de régénération signifie savoir aider l'organisme à se remettre d'une maladie inflammatoire. Il s’agit de « la pharmacologie de résolution », un nouvel axe de recherche qui vise à révolutionner l'approche actuelle des médicaments anti-inflammatoires : les changements induits par les médiateurs pro-résolution conduisent les macrophages et autres cellules immunitaires à effectuer leur processus de nettoyage en sécrétant moins de toxines.

 

Ainsi, « en pharmacologie de résolution, on ne prescrit pas pour bloquer l'inflammation. On cherche à stimuler le stade inflammatoire bénéfique, qui est le stade de résolution ».