PLACENTOPHAGIE: Mode, mythe ou efficacité thérapeutique ?
La pratique est “à la mode” outre-Atlantique, mais reste sujette à caution. Pour cause, révèle cette étude de la Northwestern University, consommer le placenta ne réduit aucunement le risque de dépression post-partum, n’a ni effet analgésique ni effet stimulant. Que le placenta soit consommé cru, cuit ou conditionné en gélules. Les conclusions présentées dans les Archives of Women's Mental Health montrent, face à l’absence totale de données scientifiques sur d’éventuels bénéfices, l’influence de célébrités et de blogs et la prise de risques inconsidérée par ces jeunes mamans.
Rappelons qu'en France, le placenta est généralement détruit après la naissance sauf lorsqu'il est collecté pour la recherche à des fins thérapeutiques ou scientifiques. Cependant, aux Etats-Unis, consommer le placenta est une pratique défendue par des célébrités avec des allégations comme le soulagement de la douleur, l'apport de vitalité et un allaitement facilité. Cet examen de la littérature remet ces allégations en causes, pour une bonne raison : En fait il n'existe aucune étude scientifique ayant sérieusement traité des risques associés à la consommation du placenta.
S'il est entendu que la plupart des mammifères ingèrent leur placenta après l'accouchement, les premiers cas documentés chez les humains ne remontent que récemment, aux années 70. Les chercheurs de la Northwestern ont donc analysé la dizaine d'études disponibles sur le sujet sans identifier la moindre preuve des allégations actuelles, que le placenta soit consommé cru, cuit ou conditionné en gélules ! Plus inquiétant encore, écrivent les auteurs dans un communiqué, il n'existe aucune étude portant sur le risque d'ingestion du placenta. Enfin, quid du risque de maladies alors que la principale fonction du placenta est de filtrer les toxines pour protéger le fœtus en développement ?
Les études menées sur les souris ne sont pas généralisables aux humains, précise l'auteur principal de l'étude, le Dr Crystal Clark, professeur de psychiatrie et de sciences du comportement à l'Université Northwestern Feinberg School of Medicine. C'est donc une prise de risque importante, a fortiori pour les femmes qui allaitent : « Les femmes qui choisissent de consommer le placenta font pourtant très attention à ce qu'elles ingèrent durant la grossesse et l'allaitement. Pourtant, elles semblent prêtes à ingérer un organe sans preuve de ses bénéfices, et de ses risques possibles pour elles-mêmes et leurs nourrissons ».
Plus de recherches sont donc nécessaires pour apporter des réponses claires à ces femmes. L'équipe poursuit donc son travail de recueil de données sur les perceptions, croyances et pratiques à l'échelle internationale.
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