PLAIES et DOULEUR: Des lésions cutanées indolores?

Des lésions de patients atteints d’ulcère de Buruli, moins douloureuses que d’autres plaies qui paraissent plus bénignes, c’est à partir de cette constatation que ces chercheurs de l’Inserm (Centre d’infection et immunité de Lille et “ATOMycA” -Université d’Angers) décryptent, dans la revue Cell, un mécanisme analgésique qui limite la transmission du message douloureux au cerveau. Cette découverte laisse espérer le développement de nouvelles molécules antidouleur.
L'ulcère de Buruli ou infection à Mycobacterium ulcerans, la troisième mycobactériose dans le monde, touche principalement les enfants et provoque des lésions ulcératives cutanées. Pourtant, malgré leur étendue, les lésions sont peu douloureuses aux premiers stades de la maladie. Les chercheurs de l'Inserm se sont penchés sur le mécanisme antalgique
Dans cette étude, les chercheurs montrent chez des souris infectées que ce mécanisme analgésique qui limite la transmission du message douloureux au cerveau n'est pas lié à la destruction, avec la maladie, des tissus nerveux, cette destruction n'intervenant qu'à des stades avancés de la maladie. Ils montrent en revanche que la toxine mycolactone, secrétée par le bacille et qui entraîne la lésion tissulaire, injectée à des souris suffit à inhiber la douleur sans que les nerfs soient touchés. Ces résultats suggèrent que la mycolactone pourrait interagir avec les neurones et « empêcher la transmission de l'information nerveuse expliquant le caractère indolore des lésions » explique Laurent Marsollier, co-auteur de l'étude.
A l'aide d'une technique d'imagerie de pointe, l'équipe montre que la mycolactone interagit avec un récepteur neuronal, le récepteur 2 de l'angiotensine, entrainant une fuite de potassium qui contribue à limiter la transmission du message douloureux au cerveau. Lorsque les chercheurs bloquent l'expression de ce récepteur chez les souris infectées par le bacille, la sensibilité à la douleur revient.
Ainsi, le bacille utilise la toxine qu'il sécrète pour infecter, également pour annuler la douleur associée.
Alors que cette molécule n'appartient pas aux classes d'analgésiques utilisées aujourd'hui, ces résultats ouvrent une nouvelle voie de développement de nouvelles molécules antidouleur.
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