PRATIQUE MÉDICALE : Un peu de spiritualité ne nuit pas à l'efficience
Nous avons tous une « vie intérieure » et cette vie intérieure constitue le noyau de ce que nous sommes en tant qu'individus. Cet article de perspective plaide pour un temps de développement de la vie intérieure aussi chez les médecins, généralistes ou plus largement en santé primaire, une pause de réflexion durant l'exercice souvent difficile dans un emploi du temps chargé. Cet essai souligne néanmoins l’importance pour les professionnels de prendre ce temps de réflexion, pour une meilleur développement et équilibre personnels certes, mais aussi pour une meilleure performance clinique. Ainsi, des séances courtes de réflexions écrites peuvent, en particulier, favoriser la multidimensionnalité de la vie des médecins et de leur pratique médicale.
Les médecins, soulignent les auteurs de la Tufts University School of Medicine doivent faire preuve d’une très grande autonomisation personnelle autant que professionnelle et leur épanouissement dans leur vie et leur exercice passe par des valeurs techniques certes mais aussi éthiques, dont la bonté ou la résilience. Les auteurs montrent, à partir de références de la littérature que la promotion de la réflexion peut nourrir la vie intérieure des médecins et favoriser l’épanouissement personnel sans obérer et au contraire leur efficience clinique.
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15 minutes de réflexion écrite, 3 fois par semaine : en FMC, les exercices de réflexion écrits sont utilisés pour évaluer les compétences de réflexion et de raisonnement cliniques. Ici, les auteurs testent cette pratique en Maison de santé (family medicine residency) avec l’objectif de favoriser le développement personnel des soignants, sans dimension d’évaluation. Les médecins pratiquent ainsi 15 minutes de réflexion écrite, 3 fois par semaine, ces courtes sessions étant comprises dans les horaires de pratique clinique. Si les médecins n’ont pas reçu d’instructions spécifiques, beaucoup écrivent sur leurs expériences avec les patients. Â
Nombre des écrits reflètent les difficultés rencontrées avec les patients : certains des écrits reflètent les difficultés rencontrées avec les patients en pratique clinique, mais aussi en regard des objectifs de développement personnel des médecins. Dans ces réflexions, s’expriment ainsi des souhaits, des doutes et parfois des sentiments d'impuissance. (Ex : « J'aime faire des choses qui donnent un sens à ma vie, c'est un but égoïste mais réel. J'espère que ma pratique me permettra de faire quelque chose qui me rappellera la raison pour laquelle j’ai choisi de faire médecine ». Enfin, la réflexion écrite est considérée, par de nombreux participants comme une activité créative ou une source potentielle de créativité.
L’existence tout autant que les compétences : lorsque ces médecins sont laissés totalement libres de s’exprimer sur leur vie intérieure, leurs réflexions concernent tout autant des questions existentielles que les connaissances et les compétences cliniques. Dans les groupes de discussion menés après les exercices de réflexion, tous les participants expriment le souhait d’avoir le temps de réfléchir sur leur avenir. Ils expriment aussi le souhaite de partager leur vision de développement personnel avec leurs pairs, et de confronter ainsi leurs pensées, leurs sentiments, et leurs émotions.
La réflexion écrite permet ainsi l'expression d'émotions que les médecins peuvent être incapables ou découragés d'explorer dans des programmes de formation standards. Elle contribue à aider les médecins à lutter contre l'incertitude, le risque d’échecs et d’erreurs médicales, erreurs et à chercher des solutions adéquates. Dans une culture médicale actuelle qui valorise la prouesse technique et la capacité de prendre des décisions cliniques complexes, la réflexion personnelle peut aider les médecins à cultiver leur vie intérieure, leurs émotions et leur spiritualité.
Une petite fenêtre ouverte sur le développement de la vie intérieure, suggèrent les auteurs, qui permet l'intégration et l’épanouissement du médecin à la fois comme Professionnel et comme Personne.
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