PRÉMATURITÉ : Elle laisse son empreinte biochimique dans le cerveau des enfants
La naissance prématurée affecte un bébé sur 10. Et si les nourrissons prématurés démontrent une capacité remarquable à rattraper leur « retard » en termes de poids et de taille, le défi des cliniciens consiste aujourd’hui à faire en sorte que les cerveaux des bébés prématurés aient aussi toutes leurs chances de réussir un développement « normal ». Cette étude du Children's National Health System (Washington) en avançant dans la compréhension des spécificités cérébrales liées à la prématurité et en identifiant sa signature moléculaire distinctive dans le cervelet des nourrissons, suggère qu’une approche cellulaire qui viendrait pallier aux perturbations biochimiques des cellules nerveuses pourrait rétablir le développement cérébral interrompu.
Les retards de développement neurocognitifs accompagnent souvent la naissance prématurée, avec des conséquences fréquemment durables. De précédentes études ont montré que les enfants nés prématurément sont plus susceptibles de comportements agressifs, impulsifs ou hyperactifs à l'école, ont souvent des troubles d'apprentissage et connaissent des retards importants dans le développement de compétences motrices par rapport aux enfants nés à terme. Plusieurs recherches ont étudié la cause fondamentale de ces problèmes dans le cerveau, cependant, le cervelet, la zone du cerveau impliquée dans le contrôle moteur, dont de la coordination et de l'équilibre, a reçu finalement assez peu d'attention. Ici, l’étude montre que la prématurité est associée à des profils de métabolites altérés dans le cervelet des nourrissons. Les nourrissons prématurés présentent en effet des niveaux significativement plus faibles d'un marqueur chimique de l'intégrité des cellules nerveuses et des concentrations significativement plus élevées d'un marqueur chimique du renouvellement de la membrane cellulaire.
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Prématurité et interruption du plan de croissance habituel du cerveau fœtal : cette interruption est bien en cause avec la naissance prématurée et probablement liée à une infection ou des dommages au cerveau, expliquent les chercheurs.  Cependant le cerveau du fœtus peut déclencher un mécanisme compensatoire qui va tenter de rattraper le temps perdu ou de guérir la lésion, en produisant un certain type de cellules plus rapidement qu'il ne l'aurait fait normalement. Catherine Limperopoulos, directrice du Laboratoire de recherche sur le développement du cerveau du Children's National et auteur principal de l'étude, montre ici, avec son équipe par imagerie cérébrale, que les lésions des cellules nerveuses causées par ces lésions cérébrales s'étendent au-delà du site de ces lésions.
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Des différences de niveaux des molécules présentes dans le cervelet des nourrissons : les chercheurs ont recruté 59 nourrissons prématurés, nés à 32 semaines ou moins de grossesse, et 61 nourrissons nés à terme et en bonne santé. Chaque bébé a passé un type spécial d'IRM connue sous le nom de spectroscopie de résonance magnétique du proton (H1-MRS), capable de mesurer les concentrations de molécules particulières dans le cerveau. Les résultats montrent toute une série de différences qui apportent des indices pour expliquer les différences de développement entre les é groupes de nourrissons, nés prématurément ou à terme. Ainsi, les chercheurs constatent que les nourrissons prématurés présentent, dans le cervelet, des concentrations nettement inférieures de N-acétyl-aspartate (NAA), un marqueur de l'intégrité des cellules nerveuses mais des concentrations significativement plus élevées de choline, un marqueur de l'intégrité de la membrane cellulaire et de renouvellement de la membrane. En revanche, concentrations de créatine, un marqueur des magasins d'énergie cellulaire, s’avèrent similaires entre les 2 groupes. Enfin, l’analyse constate que les lésions cérébrales, qui affectent 35 des nourrissons prématurés, mais aucun des nourrissons à terme sont associées à des concentrations nettement plus faibles de NAA, de choline et de créatine. Le fait d'avoir une infection néonatale -ce qui est le cas dans cette étude de 21 des nourrissons prématurés- n’est pas associé à une diminution de la NAA et de la créatine.
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Qu’est-ce qui se passe dans le cerveau des nourrissons nés avant terme ? Ces différences entre les bébés à terme et prématurés reflètent les perturbations que ces cellules connaissent au niveau biochimique mais il sera nécessaire d’aller plus loin et de pouvoir relier précisément ces résultats aux problèmes de développement rencontrés par de nombreux enfants prématurés.
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Mais les bases sont posées pour développer des traitements susceptibles d’optimiser le développement du cerveau chez les bébés prématurés et leur assurer des résultats optimaux à long terme.
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