PRISE de RISQUE, moins de matière grise ?
Certaines personnes sont plus enclines à adopter des comportements à risque, qui mettent leur santé en danger ou qui entraînent des incertitudes pour l'avenir. A la recherche de marqueurs de ce type de comportements, cette équipe de la Wharton School (Pennsylvanie) reconstitue une signature cérébrale complexe de la prise de risque, avec, en particulier un volume un peu réduit de matière grise !? Cette analyse des données cérébrales et génétiques de participants, publiée dans la revue Nature Human Behavior, ne parvient néanmoins qu’à expliquer un peu plus de 2% de la propension à ce comportement. Ces premières données, néanmoins passionnantes, appellent à poursuivre les recherches.
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Pour relever ce défi, c’est-à -dire pouvoir expliquer l'origine de ces comportements ou propensions, à la fois dans le génome et dans le cerveau et identifier les corrélats neuroanatomiques de la prise de risques, les chercheurs ont travaillé sur les « big data » au contraire des précédentes études sur le sujet qui reposaient sur de plus petits échantillons moins représentatifs. Ces études ont été limitées par ces échantillons modestes, soit quelques centaines de participants, ce qui est insuffisant pour identifier et valider des liens entre la biologie et le comportement.
Identifier les corrélats neuroanatomiques de la prise de risques
Il s’agit d’une étude massive par scintigraphie cérébrale et de données génétiques de 12.675 adultes participant à la UK Biobank. L’étude ne révèle pas une zone particulière de prise de risque dans le cerveau mais plusieurs associations entre ce comportement et l'anatomie cérébrale. « Il n'y a pas une seule région du risque dans le cerveau », expliquent Gideon Nave, professeur de marketing à la Penn's Wharton School et Gökhan Aydogan, chercheur à l’Université de Zürich « Nous identifions de nombreuses régions dont l'anatomie est altérée chez les personnes qui prennent des risques ».
Une plus forte tolérance au risque, c’est moins de matière grise
Les chercheurs se sont concentrés sur 4 comportements autodéclarés : le tabagisme, la consommation d’alcool, la promiscuité sexuelle et la conduite au-dessus des limites de vitesse. Ces mesures comportementales ont été agrégées pour créer un index global de tolérance au risque. Ensuite, l’équipe a pris en compte le volume total de matière grise dans le cerveau des participants. Â
- Même après prise en compte de différents facteurs de confusion possible, dont la taille totale du cerveau, l'âge, le sexe, la sensibilité, la consommation excessive d'alcool et les facteurs génétiques, l’analyse révèle qu'une tolérance au risque plus élevée est corrélée à un volume global de matière grise plus faible !
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Les auteurs rappellent que la matière grise comprend la plupart des principaux corps cellulaires des neurones du système nerveux central et est censée remplir les fonctions de base du cerveau, notamment le contrôle musculaire, la perception sensorielle et la prise de décision.
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L’amygdale, la zone des émotions, également impliquée :
l’examen de zones spécifiques du cerveau révèle des associations avec des régions cérébrales distinctes dont l'amygdale (impliquée dans la peur et l'émotion mais aussi déjà impliquée dans la prise de risque).
Des niveaux plus faibles de matière grise sont également associés à la propension à prendre des risques, dans de nombreuses autres régions du cerveau jusque-là non impliquées dont l'hippocampe (impliqué dans la création de nouveaux souvenirs) et certaines zones du cervelet, (une zone impliquée dans l'équilibre et la coordination). En résumé, la prise de risque ne semble pas régulée par une zone spécifique du cerveau : « Il y a de nombreuses régions impliquées, avec des tailles d'effet non négligeables ». Ces résultats ont été récemment validés sur un nouvel échantillon de plus de 13.000 participants. Â
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Existe-t-il des gènes de la prise de risque ? Pour répondre à la question, les chercheurs ont développé une mesure de la variation génétique ou score de risque polygénique, grâce à une étude d'association pangénomique portant sur près de 300.000 personnes d'origine européenne. Une fois développé, ce score de risque ne permet d’expliquer que 3% de la variation du comportement à risques. Mais ce score apparaît également corrélé à la réduction du volume de matière grise dans 3 zones cérébrales spécifiques. « Il semble que les volumes de matière grise de ces 3 régions représentent une tendance génétique au comportement réel de prise de risque ».
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Cependant, ces régions cérébrales n’expliquent finalement que quelques % de la disposition génétique. Les chercheurs suggèrent que des facteurs familiaux, environnementaux et génétiques, et une corrélation de tous ces facteurs pourraient également favoriser les comportements à risques.
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