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PSILOCYBINE : Et si l’on en prescrivait aux égocentriques ?

Actualité publiée il y a 4 années 6 mois 2 semaines
NeuroImage
La psilocybine, une substance psychédélique « affaiblit » également le claustrum, le centre de l'ego du cerveau (Visuel Fotolia_76112633_XS).

L’égocentrisme serait-il un facteur de dépression ? La question se pose à la lecture de ces résultats d’efficacité contre l’égocentrisme de la psilocybine, une substance psychédélique, mieux connu pour ses effets contre les symptômes dépressifs. L’équipe de la Johns Hopkins Medicine montre ici dans la revue NeuroImage que la substance « affaiblit » également le claustrum, le centre de l'ego du cerveau.

 

Aucune autre zone du cerveau n'est mieux nommée que le claustrum, écrivent avec esprit ces chercheurs de Baltimore, car claustrum signifie en latin « caché ou fermé ». Or le claustrum est une couche de neurones extrêmement mince qui tapisse le fond du cortex tout en atteignant toutes les autres régions du cerveau. Sa fonction véritable reste également mystérieuse, certains scientifiques suggérant que le claustrum est le siège de la conscience et du sens de soi.

Le sentiment d'être connecté à tout et mais d’être déconnecté de soi

Le claustrum est une zone cérébrale difficile d'accès et d'étude. Ce que l'on sait, c'est que cette zone contient un grand nombre de récepteurs ciblés par des médicaments psychédéliques tels que le LSD ou la psilocybine, un hallucinogène trouvé dans certains champignons. Pour voir ce qui se passe dans le claustrum lorsque les gens sont sous substances psychédéliques, les chercheurs ont comparé les scintigraphies cérébrales de personnes ayant pris de la psilocybine avec les scans de témoins, ayant pris un placebo.

L’équipe a développé une méthode pour détecter et mesurer l'activité cérébrale dans le claustrum en utilisant l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Cette analyse est menée chez 15 participants ayant pris soit de la psilocybine soit un placebo. L’analyse montre que la psilocybine réduit de 15% à 30% l'activité neuronale du claustrum. Cette activité réduite semble également être associée à des effets subjectifs plus forts du médicament, tels que des expériences émotionnelles et mystiques.

La psilocybine modifie la façon dont le claustrum communique avec les autres zones du cerveau

En particulier avec les zones impliquées dans l'audition, l'attention, la prise de décision et la mémorisation. Ce ralentissement des tâches de commutation avec les autres zones du cerveau contribue à expliquer la sensation maintes fois rapportée des utilisateurs, soit le sentiment d'être connecté à tout et mais d’être déconnecté de soi ou de son ego.

 

« Cette étude d’imagerie apporte une meilleure compréhension des mécanismes qui sous-tendent le fonctionnement de la psilocybine dans le cerveau», explique le Dr Frederick Barrett, professeur de psychiatrie et des sciences du comportement à la Johns Hopkins : « Cela nous permettra pourquoi c'est une thérapie efficace pour certains troubles et/ou patients psychiatriques ».

 

Grâce à cette technique d'imagerie très pointue, les chercheurs espèrent pouvoir examiner le claustrum de patients psychiatriques souffrant notamment de dépression ou de troubles de l’usage de substances. L’objectif est de mieux comprendre le rôle du claustrum dans ces conditions.


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