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PSYCHO: Le paracétamol peut-il faciliter une décision douloureuse?

Actualité publiée il y a 9 années 10 mois 3 semaines
Journal of Experimental Social Psychology

On parle souvent de « décisions douloureuses ». Le paracétamol peut-il soulager la douleur psychologique associée à ces prises de décision difficiles ? La question peut paraître saugrenue. Indiqué pour la douleur physique, mais pas pour la douleur morale, le paracétamol reste un médicament à prendre en fonction des indications, sous peine d’effets secondaires. Cependant, ce n’est pas la première fois qu’est documentée l’efficacité possible du médicament dans la gestion de la détresse, de l’anxiété ou de la douleur émotionnelle. Cette nouvelle étude, présentée dans le Journal of Experimental Social Psychology, ajoute à la preuve d’un possible effet psychique.

On peut rappeler en particulier cette étude présentée dans la revue Psychological Science, qui suggère que le Tylenol, un type de paracétamol, peut, dans certaines situations, aider à gérer la douleur émotionnelle.


Ici, les chercheurs de l'University du Kentucky ont testé ce concept à travers 2 expériences en laboratoire, basées sur la théorie de la perspective (ou mise en perspective de plusieurs solutions ou décisions en fonction des récompenses et des pertes possibles). Les participants, de jeunes adultes en bonne santé étaient randomisés pour recevoir soit du paracétamol soit un placebo.

· Dans la première expérience, 112 étudiants âgés en moyenne de 19 ans randomisés pour recevoir 1 g de paracétamol ou une pilule placebo, se sont vu décrire 7 tâches cognitives et devaient évaluer leur bien-fondé. Les chercheurs ont ensuite choisi 2 tâches évaluées de manière positive par chaque participant, qui a dû choisir celle qu'il effectuerait plus tard. Après une demi-heure, ils ont été invités à réévaluer à nouveau les 7 tâches, en ignorant leurs évaluations antérieures et avec l'autorisation de modifier ces évaluations.

L'analyse constate que les participants du groupe paracétamol sont moins critiques sur la tâche qu'ils n'ont pas choisie, par rapport aux témoins, ce qui suggère qu'ils ont vécu cette prise de décision avec moins de difficulté et de peine.

· Dans une seconde expérience, les chercheurs 95 autres participants étudiants, randomisés également pour recevoir ou non 1 g de paracétamol. Ces participants se sont vu remettre une tasse avec le logo de l'université. Les participants ont été randomisés de nouveau, 50% d'entre eux étant informés qu'ils pouvaient garder la tasse, l'autre moitié étant informée que c'était la propriété du laboratoire.

Puis les participants ont dû examiner la tasse pendant 30 secondes puis ont été informés qu'ils pouvaient vendre la tasse et ont été invités à en fixer le prix de vente.

L'analyse constate que parmi les participants « propriétaires » de leur tasse, ceux du groupe paracétamol ont fixé des prix de vente inférieurs à ceux qui ont pris le placebo et inférieurs également aux autres participants du groupe paracétamol informés que la tasse ne leur appartenait pas.

Dissonance cognitive et aversion à la perte : Les chercheurs rappellent 2 biais psychologiques fréquents en situation de choix difficile :

· celui de dissonance cognitive, qui va entraîner une impression d'inconfort mental, compensée par une sorte de démission ou d'abandon du choix rejeté.

· celui d'aversion à la perte qui consiste à valoriser plus ses biens personnels que ceux qu'on ne possède pas.

Les chercheurs concluent que le paracétamol permet de réduire l'inconfort mental lié à la prise de décision,

- la première expérience suggérant que le paracétamol réduit le besoin de d'adopter une attitude plus négative vis-à-vis de la tâche non sélectionnée et réduit donc la dissonance cognitive face à la décision,

- la seconde expérience, le paracétamol entrainant un prix de vente plus bas et donc un niveau inférieur d'aversion aux pertes.

Il se trouve enfin que ces 2 réponses psychologiques, la dissonance cognitive et l'aversion à la perte, sont gérées par 2 zones du cerveau (cortex cingulaire antérieur dorsal et l'insula antérieure) également impliquées dans la douleur, ce qui soutient un peu plus l'hypothèse que le paracétamol peut réduire l'inconfort lié à une prise de décision douloureuse.

Cependant, la prise de décision difficile reste un processus complexe qui implique de multiples facteurs et l'idée que tout mal-être lié à une décision puisse ou doive être dissipé par un antalgique n'est pas tenable.

Source: Journal of Experimental Social Psychology September 22 2014 DOI: 10.1016/j.jesp.2014.09.006 Can acetaminophen reduce the pain of decision-making? (Visuels NHS)

Lire aussi: STRESS, ANXIÉTÉ: Le paracétamol peut-il aussi soulager la douleur émotionnelle? -


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