PSYCHO: Les applaudissements, contagieux avant d'être sincères
L’applaudissement, un phénomène épidémique plus qu’une marque personnelle et objective de satisfaction ? Des applaudissements soutenus après une performance tiendraient plus à la dynamique de groupe qu’à la qualité objective du spectacle, explique cette étude de l’Université d'Uppsala (Suède) publiée dans Interface, le Journal of the Royal Society. Et il suffirait d’un seul applaudissement dans la foule pour faire monter la vague alors qu’en cas de sifflement ou de huée, un seuil minimum s’impose pour que le phénomène prenne. Au bout de cette étude, un modèle mathématique qui pourrait s'adapter à d'autres formes de contagion sociale.
Le principe de « faire la claque » c'est-à -dire être payé pour applaudir et entraîner les autres, mis en pratique bien avant les premières analyses de nos comportements sociaux, était bien fondé, de manière empirique, sur son pouvoir déclencheur.
Car les applaudissements, au départ le fait d'un très petit nombre d'individus, vont se propager rapidement jusqu'à ce que tout le monde s'y mette. Un mathématicien d'Uppala, Richard Mann, s'est attaché à étudier ce phénomène social, un des seuls où un très grand nombre d'individus s'unissent dans un même comportement et sur une courte fenêtre de temps, sur un seul signal auditif. Son équipe a donc filmé puis décrypté des phénomènes de groupes de 13 à 20 étudiants ayant applaudi après des présentations orales d'autres étudiants.
L'applaudissement se révèle presque un mode de pression sociale et plus la partie de l'auditoire qui applaudit est importante, plus la pression de se joindre aux applaudissements est élevée, peu importe si la qualité de la prestation le justifie. Lorsque 50% du public applaudit, les récalcitrants sont 10 fois plus susceptibles de s'y mettre que si 5% du public applaudit. Le retour au calme suit le même processus. Peu importe le spectacle, ce n'est pas ce que les spectateurs ont vu mais ce qu'ils entendent qui déclenche les applaudissements. Et quant à la longueur de l'ovation elle ne dépend aucunement de la qualité de la représentation.
Le graphique ci-contre montre ainsi, à partir de 12 expériences consolidées, la proportion moyenne du public qui se met à applaudir (ligne noire), arrête d'applaudir (ligne rouge) et est en train d'applaudir (ligne verte).
D'autres études ont montré que les huées ont, au contraire, besoin d'un certain seuil pour l'emporter et que d'autres personnes se joignent à la vague de participants. Ce qui suggère une propension humaine à se joindre plus spontanément à une manifestation de joie que de contestation ?
Les auteurs ont développé un modèle mathématique de contagion sociale, ici des applaudissements, et pensent que ce modèle pourrait être appliqué à d'autres types de contagion sociale, psychologiques, économiques ou sociologiques. Ils proposent l'exemple de l'estimation de la vitesse à laquelle les individus quittent les réseaux sociaux ou de l'estimation du temps de rémanence d'un membre au sein d'un groupe ou d'une communauté, en fonction de la rémanence de membres « leaders » et de la participation des autres membres.
A la fin du 19ème siècle, un certain Georges Dubosc écrivait dans « La Claque et les Claqueurs » : « (…) on reprochait à la claque, généralement favorisée et encouragée par les artistes, de faire, au contraire, peser sur eux une véritable petite « Terreur ». Ceux qui n'avaient point voulu passer par les exigences monnayées des claqueurs, auraient été immédiatement déclarés suspects, et condamnés à la mort sans phrases (…) Quoi qu'il en soit de la réalité de ces menées étranges, il est bon de savoir un peu ce qu'est cette claque, si vilipendée, si honnie, mais qui, tout compte fait, puisqu'elle continue à exister, en dépit de toutes les attaques, est une puissance, puissance de second ordre certainement, mais avec laquelle il est toujours prudent de compter ».
Source: Journal of the Royal Society 19 June 2013 doi: 10.1098/​rsif.2013.0466 The dynamics of audience applause
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