RADIOTHÉRAPIE : L'arginine, un anticancéreux oral peu coûteux ?
Cette équipe d’oncologues du Weill Cornell Médecine (New York) révèle que l’acide aminé arginine permet de booster la radiothérapie contre le cancer. L'étude, publiée dans la revue Science Advances, estime ainsi que l’administration orale d’arginine double l'incidence des réponses des tumeurs cérébrales à la radiothérapie
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L'arginine est l’un des acides aminés qui composent nos protéines. Son rôle clé dans la division cellulaire, dans la cicatrisation, dans la réponse immunitaire ou encore la santé vasculaire et musculaire, est aujourd’hui bien documenté, cependant cette recherche révèle que cet acide aminé pourrait aussi booster l'efficacité de la radiothérapie chez les patients cancéreux-ici présentant des métastases cérébrales.
L'arginine s’impose comme un bon « radiosensibilisateur »
Il s’agit d’un essai clinique randomisé ayant comparé la réponse à la radiothérapie de patients présentant des métastases cérébrales avec (n=31) et sans prise d'arginine orale (n=32). L’analyse constate que :
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- 78% des participants du groupe d’intervention ont développé une réponse complète ou partielle au cours de la période de suivi de 4 ans,
- vs seulement 22% des témoins ayant reçu un placebo avant la radiothérapie.
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Un composé radiosensibilisateur : L'arginine améliore les effets de la radiothérapie. Ces nouvelles données suggèrent que l'acide aminé pourrait être plus largement utilisée en tant que thérapie anticancéreuse. Les auteurs comptent en effet « poursuivre l’étude de l’effet de l'arginine en association avec la radiothérapie mais aussi en association avec la chimiothérapie ou l'immunothérapie, et même en solo », explique l'auteur principal, le Dr Leandro Cerchietti, professeur agrégé de médecine au Département d'hématologie et d'oncologie médicale.
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L'arginine ou L-arginine est un composé sûr, peu coûteux et largement disponible, et a la capacité de passer relativement facilement de la circulation sanguine au cerveau. L'idée de l'utiliser pour traiter le cancer est née d'observations selon lesquelles les tumeurs contribuent souvent à leur propre survie en produisant des niveaux élevés d'oxyde nitrique (NO) : les cellules tumorales produisent souvent plus de NO en régulant positivement leur production d'enzymes spéciales appelées NO synthases, qui synthétisent le NO à partir de l'arginine.
- La réduction de la production de NO est un moyen d'exploiter la dépendance des tumeurs à cette molécule, mais les tentatives déjà menées sur ce principe se sont avérées des échecs;
- et l'ajout d'arginine ? Les chercheurs ont émis l'hypothèse qu'augmenter plutôt la production de NO, en ajoutant son précurseur, l'arginine, pourrait être bénéfique, car si les tumeurs utilisent le NO pour favoriser leur croissance et leur survie, elles doivent maintenir sa production en dessous de certaines limites.
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En résumé, l’ajout d’arginine submerge la tumeur en NO et ces niveaux très élevés de NO avant la radiothérapie permettent d’affaiblir la capacité propre de la tumeur à réparer les dommages à l'ADN induits par les radiations.
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Dans le cadre de cet essai clinique, 6 mois après les cycles de radiothérapie,
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- 82% des patients traités avec de l'arginine à forte dose présentent une réduction de leurs symptômes neurologiques,
- vs 20% du groupe placebo ;
- la plupart des patients traités à l'arginine dans le cadre de l’essai, sont décédés au cours du suivi, en raison de la propagation de leur cancer ;
- cependant, chez certains patients traités à l'arginine, les tumeurs à l'intérieur et à l'extérieur du cerveau ont bien disparu, ce qui apporte une première preuve de concept, en suggérant un espoir de guérison ;
- enfin, l'arginine stimule également l'activité des cellules immunitaires antitumorales.
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D'autres études sur l'arginine seule ou en combinaison avec d'autres traitements anticancéreux sont en cours. Les auteurs concluent avec espoir.
« En principe, toute tumeur qui surexprime les enzymes productrices de NO devrait être vulnérable au traitement à l'arginine. Cependant, d'autres tests sont nécessaires avant que les patients puissent utiliser un supplément à base d'arginine. D’autant que les formulations utilisées dans l’étude ne peuvent être obtenues que dans un cadre médical ».
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