RECONNAISSANCE FACIALE : Une fonction cérébrale parfois subliminale
Étant donné les limites de notre capacité d’attention, notre cerveau ne traite qu'une petite partie des données, images, sons et sensations qui atteignent nos sens à un moment donné. Alors qu'advient-il des stimuli qui atteignent nos sens mais pas notre conscience ? Cette recherche menée à l'Institut de biologie expérimentale Nencki (Varsovie) confirme que certains stimuli -en particulier la vue de son propre visage - peuvent influer sur votre réponse cérébrale sans que nous en soyons conscients. Des conclusions présentées dans la revue Psychological Science, qui suggèrent que des objets si complexes qu’ils nécessitent une analyse détaillée pour être reconnus, peuvent inconsciemment attirer l'attention. Les capacités de notre « inconscient » seraient beaucoup plus importantes que nous le pensions.
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Nous savons depuis longtemps que notre cerveau est capable de traiter et d'analyser de manière subliminale différents types de stimuli simples. « Notre étude a cherché à savoir si des stimuli plus complexes peuvent également être efficacement traités de manière subliminale et influencer ensuite notre comportement », explique l'auteur principal Micha Wójcik, actuellement étudiant en doctorat à l'Université d'Oxford.
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L’exemple du visage, un objet complexe :  en dépit du fait que la plupart des visages sont assez semblables les uns aux autres, en analysant simultanément plusieurs éléments (yeux, lèvres, nez), nous sommes, en général, capables de reconnaître les visages de personnes connues, avec précision et efficacité. Ensuite, notre propre visage est pour chacun d’entre nous tous un stimulus très fort et important. Il suscite toute une variété de sentiments et d'associations et, par conséquent, attire effectivement notre attention. Les chercheurs ont émis l’hypothèse que, du fait de sa puissance, ce stimulus pourrait être reconnu par le cerveau, « en dehors de la conscience ».
Dans cette expérience, les participants devaient fixer un symbole représentant une croix au centre de l'écran de l'ordinateur, tandis que l’image d'un visage apparaissait de chaque côté de la croix. Le visage d'un côté de la croix était le visage du participant, le visage de l'autre côté de la croix appartenait à un étranger. Les participants ont été invités à concentrer leur attention sur la croix et à ignorer tout ce qui pourrait apparaître autour de la croix. Sur la moitié des essais, les visages étaient clairement visibles et faciles à reconnaître, sur l'autre moitié des essais, les visages n'étaient affichés que pendant 32 ms et étaient suivis d'un motif aléatoire masquant les visages (une procédure couramment utilisée pour présenter des stimuli aux participants en dehors de leur conscience). L’expérience montre que les participants sont capables d’identifier les visages qui apparaissent brièvement, mais pas ceux qui sont très rapidement recouvert du motif aléatoire. Durant l’expérience, les chercheurs suivaient par EEG l’activité cérébrale des participants.
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Le cerveau peut identifier, sans la participation de la conscience, le propre visage du participant : en analysant les asymétries connues entre les hémisphères caractéristiques de notre attention et de notre concentration sur une tâche, les chercheurs ont pu déterminer si, à un moment donné, l'attention du participant était dirigée sur le visage présenté à l'écran. L’expérience montre que :
- les participants surveillent automatiquement et spontanément leurs propres visages lorsqu'ils apparaissent à l'écran, même si on leur donne la consigne de ne pas le faire. Cela suggère et confirme que nous traitons en priorité les stimuli relatifs au « moi », concluent les chercheurs ;
- les participants se concentrent sur l’emplacement de leurs propres visages même s’ils sont, dans la réalité, incapables de le distinguer : cela suggère que ne sachant pas qu’à un moment donné leur propre visage était présenté, leur cerveau focalise tout de même son attention du côté de ‘emplacement « présumé » du visage. Le cerveau a donc identifié, sans la participation de la conscience, le propre visage du participant. Il semble donc que la conscience ne soit pas nécessaire à la reconnaissance de certains objets complexes mais qui constituent des stimuli forts.
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De précédentes recherches avaient déjà documenté ce phénomène avec des stimuli simples, cette étude montre que c’est possible pour notre cerveau, avec des stimuli plus complexes.Â
« Nous montrons que des objets beaucoup plus complexes, tels que les visages, constitués de nombreux éléments distincts et nécessitant une analyse plus détaillée pour être reconnus, peuvent inconsciemment attirer notre attention ».
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