RÉGIME VÉGÉ pendant la GROSSESSE et risque d'abus de substances chez l’enfant
La réduction de la consommation de viande est souvent conseillée, mais des déficiences nutritionnelles pendant la grossesse peuvent entraîner des effets néfastes au cours du développement neurologique de l’enfant. Cette étude britannique publiée dans la revue Alcoholism : Clinical & Experimental Research révèle ainsi les effets possibles de régimes maternels carencés en viande pendant la grossesse sur la propension à la consommation de substances chez l’enfant, une fois adolescent.
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L’étude estime même que les enfants de femmes enceintes végétariennes ont un risque multiplié par 3 d’abus de drogues et/ou d'alcool à l'âge de 15 ans. Si ce résultat mérite d’être confirmé, c’est un lien significatif qui vient d’être suggéré entre le régime alimentaire de la mère de l'enfant pendant la grossesse et la toxicomanie ou l’abus d’alcool chez l’adolescent.
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Les chercheurs de l'Université de Bristol (UK), de l’US National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAID/NIH), des Universités de l’Illinois (Chicago) et de Californie (San Diego) ont renseigné chez 10.000 adolescents les donnes de consommation d’alcool, de cannabis et de tabac et rapproché ces données des journaux alimentaires renseignés par leurs mères au cours de la grossesse. Ces mères participaient à la fameuse cohorte Avon Longitudinal Study of Parents and Children (ALSPAC). L’analyse révèle que les enfants de mères ayant consommé plus de viande durant leur grossesse sont moins susceptibles d'être, à l’âge de 25 ans, des consommateurs de tabac, d’alcool ou de cannabis vs les enfants de mères végétariennes durant leur grossesse. Précisément,
- sur les 9.979 adolescents participants, 5.246 ont terminé l’étude ;
- 10% d’entre eux ont déclaré soit des problèmes avec l'alcool, soit une consommation de tabac ou au moins occasionnelle de cannabis.
- Les différentes analyses portant sur différents aspects de l'alimentation montrent que les adolescents nés de mères à régime alimentaire végétarien présentent :
- un risque accru de 28% de problèmes avec l'alcool,
- un risque accru de 42% de consommation de cannabis au moins de façon modérée
- un risque accru de 21% de tabagisme régulier.
- Cette association inverse, consommation maternelle de viande durant la grossesse et risque d’abus de substance chez l’enfant à l’adolescence, semble dose-dépendante.
Les enfants de mères qui n'ont jamais mangé de viande durant leur grossesse présentent en effet un risque d’abus de substance, plus tard dans la vie, multiplié par 2,7!
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Des nutriments essentiels durant la grossesse : si l’étude ne confirme pas que c’est bien le régime alimentaire pendant la grossesse qui entraîne ce risque accru d’abus de substances, chez l’enfant adolescent, si les facteurs de confusion sont multiples, obtenir, durant la grossesse tous les nutriments nécessaires au développement de l’enfant et à la santé de la mère reste essentiel. Et parmi ces nutriments, il y a le fer, la vitamine B12 et le calcium, présents en bonne concentration dans la viande -ou les produits laitiers. De plus, dans cette étude, les chercheurs ont bien ajusté leurs résultats pour les facteurs de confusion suivants :  le type de logement (et le risque de « surpeuplement », le niveau d'éducation maternelle, l’importance de la fratrie, les données socio-professionnelles des parents, l’origine ethnique, l'âge de la mère, le revenu du foyer et les relations parents-enfants.
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La question de la vitamine B12 : c’est l'un des nutriments présents dans la viande, essentiel pour le développement du cerveau. Les chercheurs suggèrent ainsi que la privation de viande durant la grossesse pourrait entraîner une carence en vitamine B12, responsable dans ces résultats.
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Ensuite, certaines variations génétiques peuvent également affecter la capacité d’une mère à « absorber » la vitamine B12. Ici, les chercheurs constatent que l’association est plus forte chez les femmes porteuses de variations génétiques pouvant permettre au corps d'utiliser plus efficacement la vitamine B12.
« Cette étude identifie la faible consommation de viande dans la période prénatale comme un facteur de risque possible -et modifiable- d’abus de substance chez l’enfant, une fois adolescent », concluent les auteurs qui précisent de plus que les différences socio-économiques influent fort peu sur leurs résultats. La carence en vitamine B12 est susceptible de contribuer à ces effets.
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Bref, il est essentiel d’opter pour un régime alimentaire diversifié e équilibré, en particulier durant la grossesse.
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