RELATION MÉDECIN-PATIENT: De sa qualité dépend toute la qualité des soins
On pourrait dire que les médecins aussi font du favoritisme, car les médecins ont leurs patients préférés, même s’ils déclarent souhaiter apporter les meilleurs soins à tous. Cette étude de l’Université Johns Hopkins, publiée en ligne dans la revue Patient Education and Counseling, montre cependant toute l’importance d’une bonne relation médecin-patient pour la qualité des soins. Les conclusions présentées dans la revue Patient Education and Counseling plaident pour un médecin « humaniste » et référent, toujours le même pour chaque patient.
C'est probablement la première étude à regarder ces aspects positifs de l'attitude des médecins envers leurs patients. Et, sur les 25 médecins interrogés, 22 déclarent avoir leurs patients préférés, en général des patients qui consultent très régulièrement ou fréquemment ou encore des patients que ces médecins ont suivis, parfois ainsi que leur famille, sur toute une vie u une très longue période de temps. Des conclusions importantes car la qualité de la relation médecin-patient est un facteur de qualité des soins, de meilleures décisions partagées et éclairées, d'une bonne continuité du suivi médical des patients mais aussi d'un retour d'expérience et de satisfaction pour le médecin, alors en mesure d'apprécier les fruits de sa pratique. Bref, c'est donc aussi un facteur de prévention de l'épuisement professionnel, pour le médecin.
L'étude, qualitative, a interviewé 25 médecins en soins primaires dont plus de la moitié étaient des femmes (56%). 3 des entretiens ont été enregistrés et transcrits pour une analyse en profondeur. Les réponses ont été codées et 3 thèmes évoqués autour des « patients préférés » ont émergé : les perspectives des médecins, les caractéristiques des patients et les effets de cette relation privilégiée médecin-patient.
Les résultats soulignent l'importance d'avoir un référent en soins primaires, un médecin de soins primaires avec lequel il est possible de construire une vraie relation. De nombreux médecins indiquent aussi que leurs patients préférés ne sont pas nécessairement les plus « observants » ou encore ceux qui leur ressemblent le plus ou avec qui, a priori ils ont le plus d'affinités. Ce sont principalement des patients qui qui sont ou ont été sévèrement malades, et donc que les médecins ont vus plus fréquemment et sur une plus longue période de temps.
Pas de traitement de faveur ! C'est une préoccupation exprimée par la très grande majorité des médecins de l'étude qui s'ils déclarent avoir des patients favoris, se défendent de traduire cette préférence par une qualité particulière des soins apportés. Les médecins réaffirment, en très grande majorité l'objectif de fournir les meilleurs soins à tous, et en laissant de côté les sentiments personnels vis-à -vis des patients. « Cette préoccupation suggère que les médecins cherchent à être juste et de donner à tous leurs patients les meilleurs soins possibles », commentent les auteurs. « Nous avons découvert tout l'investissement des médecins dans leur relation avec les patients, ce qui est une bonne chose du point de vue du patient. Cette pensée du médecin humanise vraiment la relation patient-médecin ». Enfin, les limites sont là , et les médecins qui ont des patients préférés restent conscients des limites de la relation médecin-patient. Il ne s'agit pas de « socialiser » avec les patients en dehors de la pratique médicale.
Une relation humaniste oui, mais quid des patients « difficiles » ? Car si les médecins indiquent que leurs patients préférés enrichissent aussi leur expérience professionnelle, ils ne taisent pas les patients difficiles. Des patients, nombreux, qui semblent caractérisés par leur incapacité à comprendre les limites de ce que les médecins peuvent faire. Mais, de nombreux médecins répondants indiquent aussi que ces patients au départ difficiles deviennent souvent leurs favoris au fil du temps, ce qui renforce « l'intérêt » d'un même médecin référent, sur le long terme, lorsque cela est possible.
Enfin, du point de vue du système et de la stratégie en Santé publique, ces résultats mettent en évidence l'importance d'un accès constant et fluide aux soins de santé primaires, avec un même médecin de ville référent pour suivre chaque patient au fil du temps. C'est aussi l'idée d'un moindre recours aux urgences. Avec un avantage tangible pour le patient, un médecin « humaniste » qui, après avoir passé beaucoup de temps avec lui, serait le mieux placé pour prendre soin et prendre les bonnes décisions.
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