RHUMATISMES et VACCIN COVID : Attention aux traitements immunosuppresseurs
Une précédente étude publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM) a mis en garde contre une réponse immunitaire partielle et des formes prolongées de COVID-19 chez les personnes immunodéprimées avec un risque d’émergence, via ces patients, de variantes plus agressives du virus.
Cette nouvelle étude de la São Paulo Research Foundation (FAPESP), publiée dans Nature Medicine, alerte sur l’effet de médicaments utilisés pour traiter les maladies rhumatismales auto-immunes, qui peuvent affaiblir la réponse immunitaire induite par la maladie COVID-19 et par la vaccination anti-COVID. La recherche réaffirme la priorité et la nécessité de vaccination chez ce groupe de patients, « en tant que stratégie contre l'émergence de variantes virales ».
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Les chercheurs de la faculté de médecine de l'Université de São Paulo rappellent à leur tour que le risque d'une réponse immunitaire affaiblie aux vaccins est élevé chez les patients immunodéprimés, dont les patients cancéreux, les patients transplantés et les patients vivant avec le VIH, ainsi que ceux atteints de maladies auto-immunes. De plus, les maladies rhumatismales auto-immunes peuvent augmenter la probabilité de thrombose, un effet secondaire, certes rare, de la vaccination.
Attention aux effets immunosuppresseurs des traitements de la maladie rhumatismale
L’étude révèle ainsi que certains types de médicaments utilisés pour traiter les patients atteints de maladies rhumatismales auto-immunes telles que la polyarthrite rhumatoïde affaiblissent la réponse immunitaire au COVID-19 induite par les vaccins. Le vaccin pris en compte dans l’étude est le vaccin chinois (Sinovac) inactivé CoronaVac à schéma à 2 doses, espacées de 14 jours. Les chercheurs ont évalué l'innocuité et l'efficacité de CoronaVac chez des patients atteints de 9 types de maladies rhumatismales auto-immunes.
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Pour savoir si les vaccins COVID-19 sont sûrs et efficaces pour ces patients rhumatismaux, les chercheurs ont suivi 910 patients adultes inscrits en service de rhumatologie, durant les 40 jours suivant la 2ème injection de CoronaVac. Des échantillons de sang prélevés pour détecter les anticorps contre le SRAS-CoV-2 ont été analysés avant la vaccination et 28 jours et six semaines après l'administration des deux doses de CoronaVac. Les résultats ont été comparés à ceux d'un groupe témoin de 182 personnes exempts de de maladie auto-immune et ne prenant pas d'immunosuppresseurs. L’analyse révèle que :
- la vaccination induit une séroconversion en anticorps IgG chez 70,4% des patients atteints de maladie rhumatismale auto-immune vs 95,5% du groupe témoin ;
- cette réponse sérologique à 70 % correspond à celle déjà estimée pour les patients immunodéprimés ou les patients qui prennent des médicaments qui réduisent leur immunité.
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Quelles maladies rhumatismales ? Les 910 patients inscrits à l’étude souffraient de polyarthrite rhumatoïde sévère, de rhumatisme psoriasique, de spondylarthrite axiale et d'autres maladies rhumatismales auto-immunes systémiques, telles que le lupus, la vascularite, le syndrome de Sjögren, la sclérose systémique, la myopathie inflammatoire idiopathique et de syndrome des anti-phospholipides.
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Quels traitements ? Les auteurs observent que les glucocorticoïdes, les immunosuppresseurs tels que le méthotrexate et le mycophénolate mofétyl, et certains produits biologiques notamment, affaiblissent la réponse immunitaire chez ces patients.
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« Next step » : D'autres tests sont nécessaires pour déterminer si le même effet se produit chez les patients vaccinés avec d'autres vaccins. Mais d’autres stratégies de vaccination doivent également être testées : l’auteur principal, EloÃsa Bonfá, directrice clinique de l'hôpital explique que sur la base de ces observations, son équipe a commencé à étudier différentes stratégies de vaccination, notamment la suspension de certains traitements une ou 2 semaines avant l'administration du vaccin.
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Outre le risque élevé de contracter une maladie infectieuse et de tomber gravement malade, les patients immunodéprimés sont également plus susceptibles de souffrir de comorbidités telles que l'hypertension artérielle et l'obésité, qui sont des facteurs de risque de COVID-19. Ils doivent donc être priorisés dans la campagne de vaccination contre le coronavirus. De plus, il est plus difficile pour les patients immunodéprimés d'éliminer le virus de leur organisme que pour les personnes en bonne santé, ce qui favorise l'émergence de variants porteurs de mutations.
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Sur la base des résultats, les chercheurs travaillent sur de nouvelles stratégies de vaccination pour ces patients.