SANCTION : Comment le cerveau décide de punir ou non
Quelles sont les zones impliquées dans la fonction de sanction ? Cette méta-analyse de National Research University Higher School of Economics nous en dit un peu plus long en révélant que les décisions de punition activent les zones du cerveau chargées de l'attention, de la détection des erreurs et du traitement des informations. Ces 3 fonctions permettent de répondre efficacement aux interactions sociales. Une réponse donc du cerveau, documentée dans les Scientific Reports, qui jusque dans les fonctions cérébrales mobilisées, vise à préserver l'ordre et la coopération dans notre société.
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La punition est unbe décision "sociale" nécessaire pour maintenir l'ordre et la coopération. Dans leur vie quotidienne, les personnes qui commettent des actes répréhensibles peuvent être réprimandées ou rejetées. La décision de demander une condamnation ou une sanction peut être mise en œuvre par la victime qui a directement été touchée par une telle violation ou par une personne neutre, témoin ou informée d’une violation des droits d’autrui ou de l'infraction commise. On sait déjà que certaines zones du cerveau s’activent chez les victimes et chez les témoins en réponse à différentes formes de punition sociale. Cependant, à ce jour, les zones activées n'étaient pas encore clairement définies.
Avant de punir, le cerveau se concentre, détecte la faute puis analyse la situation
L’auteur principal, le chercheur Oksana Zinchenko, a mené avec son équipe, une méta-analyse de 17 études afin de mieux identifier les zones et les fonctions du cerveau impliquées dans la prise de décision d’imposer un « châtiment social ». Et ces fonctions identifiées semblent à la fois activées chez les victimes et chez les témoins.
L’un des tests adaptés à l’étude de la punition consiste à demander à des participants de jouer au jeu de l'Ultimatum: un premier participant se voit attribuer un certain montant d'argent, et doit décider quelle part il garde et quelle part il donne au 2è participant. Le second participant doit alors décider si il accepte ou refuse l'offre. En cas de refus, aucun des deux participants ne reçoit d'argent. Ainsi, si le second participant trouve la décision du 1er injuste, il peut le sanctionner en contestant la répartition proposée. Un troisième participant, « témoin » de la transaction, peut également intervenir en contestant la décision de l’un ou l’autre.
Dans cette analyse, les chercheurs ont analysé les données d'activité cérébrale de 383 participants ayant participé à 17 études portant sur la sanction sociale. Les participants jouaient au jeu de l’Ultimatum ou étaient engagés dans d’autres types de jeux simulant des actions pouvant donner lieu à une "punition sociale". Pendant que les participants effectuaient ces tâches, leur activité cérébrale était enregistrée via l'imagerie fonctionnelle par résonance magnétique (IRMf).
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3 fonctions cérébrales principalement mobilisées : L'analyse révèle que les zones du claustrum bilatéral, du gyrus frontal supérieur gauche et frontal intérieur droit sont toujours activés au cours de cette fonction de punition sociale. Or ces zones sont spécifiquement liées au réseau de saillance ou au réseau exécutif central du cerveau. Ces systèmes de neurones sont impliqués dans l’attention et la concentration, la détection des erreurs et des fautes, et dans le traitement des données contextuelles, autant d’éléments essentiels à la prise de décision en matière de sanction. Le gyrus frontal intérieur droit est d’ailleurs considéré et documenté comme une zone clé du "réseau d'empathie émotionnelle" du cerveau, nécessaire pour aux réponses adéquates à diverses interactions sociales. Quant au gyrus frontal supérieur gauche, sa fonction principale est de stocker des données dans la mémoire de travail au cours du processus de prise de décision. La méta-analyse ne révèle aucune autre activation, y compris dans des zones correspondant au réseau de mentalisation, un réseau impliqué dans l’évaluation des intentions d’autrui.
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Les chercheurs doivent encore analyser plus en profondeur les différences de réponse du cerveau à différents types de punition sociale. Cependant, ces travaux permettent déjà de mieux comprendre quels mécanismes sous-tendent le contrôle social et révèlent des zones tout particulièrement cohérentes avec ce type de décision : l’attention, la détection et l’analyse de la situation…
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