SCHIZOPHRÉNIE, AUTISME: Quand l'expérience bien acquise ne profite jamais
Alors que chacun d’entre nous tire des leçons de ses expériences passées et utilise sa capacité d’analyse d’une situation le moment venu pour interagir avec les autres, il semblerait, d’après cette étude du CNRS que les personnes schizophrènes aient perdu ces facultés et utilisent de façon inappropriée leur expérience passée pour comprendre les intentions des autres. Ces conclusions publiées dans l’édition en ligne du 28 novembre de la revue Brain montrent une nouvelle voie de thérapie cognitive pour les patients schizophrènes mais probablement aussi pour les personnes autistes.
Ces chercheurs du Centre de recherches cerveau et cognition (CNRS/Université Toulouse 3 Paul Sabatier) du Centre de neuroscience cognitive de Lyon (CNRS/Université Claude Bernard Lyon), du Centre Hospitalier le Vinatier à Lyon et de la Faculté de Médecine de Rangueil à Toulouse viennent de montrer en réalisant une expérience avec des patients schizophrènes qu'ils sous-utilisent les données issues de l'expérience, par rapport à l'analyse visuelle de la situation, lorsqu'ils présentent des symptômes négatifs ou qu'ils sur-utilisent cette information au dépens de l'analyse visuelle et sensorielle lorsqu'ils présentent des symptômes positifs. Les chercheurs ont mené cette expérience sur des patients présentant divers symptômes de la schizophrénie : négatifs (perte d'intérêt, retrait social), positifs (hallucinations, délires), ou de désorganisation (discours incohérent, phénomène du « coq à l'âne »).
Un déséquilibre dans l'analyse des informations : Lorsque les patients visionnent plusieurs vidéos montrant des personnages avec différentes intentions et lorsque les chercheurs règlent la quantité et le type d'information visuelle mise à la disposition des patients, dans tous les cas, un déséquilibre dans l'interaction entre l'information visuelle et l'information à priori conduit ces patients à des erreurs d'interprétation sur les intentions d'autrui.
Les chercheurs concluent que ces deux types d'informations sont mal utilisés chez les patients schizophrènes, ce qui expliquerait pourquoi ils ont du mal à reconnaître les intentions d'autrui. Ces résultats pourraient être à la base de nouvelles stratégies de thérapie cognitive permettant au patient d'améliorer son aptitude à utiliser son expérience et de diminuer ses difficultés à reconnaître les intentions d'autrui. Une piste, concluent les chercheurs à tester aussi pour les patients atteints d'autisme.
La schizophrénie touche 1% de la population mondiale selon l'OMS et se caractérise par différents symptômes cliniques. Les hallucinations auditives verbales, c'est-à-dire la perception de voix, est un symptôme très fréquent puisque 70% des patients en souffrent. Dans 20% des cas, elles résistent à toute forme de stratégies thérapeutiques.
Source: Brain (2011) doi: 10.1093/brain/awr306 published online: 28 novembre 2011 « Mentalizing Under Influence: Abnormal Dependence on Prior Expectations in Patients with Schizophrenia”
Autres actualités sur le même thème
-
L'HYPNOSE laisse des traces dans la mémoire
Actualité publiée il y a 11 années 3 mois -
DÉPRESSION : Le neurofeedback en question
Actualité publiée il y a 7 années 2 mois -
AUTISME: Le tabagisme maternel, facteur majeur de risque pour l'enfant
Actualité publiée il y a 12 années 6 moisFacteurs génétiques et facteurs environnementaux, l’autisme est un trouble complexe. Le tabagisme maternel peut être l’un des facteurs déclenchant, nous... -
DIABÈTE : Le cerveau peut induire la rémission, mais comment ?
Actualité publiée il y a 4 années 1 mois