STRESS post-traumatique : Les urocortines, protéines du "retour à la normale"
Comment parvenons-nous à récupérer d’un choc ou d’un stress aigu ? Cette question est au cœur de la recherche publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) qui, pour la première fois, fourni des preuves solides que trois protéines connues sous les noms urocortine 1, 2 et 3 - sont responsables de la désactivation la réponse au stress. Sans ces protéines, le « retour à la normale » s’avère impossible, même longtemps après le stress. Une découverte importante pour la prise en charge des personnes qui ont des difficultés à gérer leur réponse au stress et qui sont ensuite candidates au syndrome de stress post-traumatique et parfois, à l'anorexie et à la dépression.
Le syndrome de stress post-traumatique peut affecter toute personne qui a du vivre des expériences pénibles. Si le sentiment d'anxiété est normal et même souhaitable, « le retour à la normale » n'en est pas moins crucial, avec un ralentissement du rythme cardiaque et une relaxation après la tension.
La réponse au stress s'amorce dans le cerveau : Les chercheurs se sont donc concentrés sur une famille de protéines (corticotropin-releasing factor –CRF) qui jouent un rôle de premier plan dans la régulation de ce mécanisme. Une protéine de cette famille est connue pour lancer une chaîne d'événements qui se produit quand nous face à la pression, les scientifiques ont donc émis l'hypothèse que d'autres protéines de la même famille sont impliquées dans cette chaîne.
Cette équipe internationale a créé des souris génétiquement modifiées qui ne produisent pas ces 3 protéines urocortine. Avant d'être exposées au stress, ces souris se comportaient comme les souris témoins, ne montrant aucune inquiétude inhabituelle. Face au stress, les deux groupes ont réagi de la même manière, en montrant des signes évidents de détresse. Mais des différences sont apparues entre les 2 groupes 24 heures après l'épisode de stress: Si les souris témoins avaient retrouvé un comportement normal, les souris modifiées montraient les mêmes niveaux d'anxiété qu'immédiatement après leur exposition au stress.
Ces protéines urocortine sont donc cruciales pour « revenir à la normale », mais comment ? Pour comprendre le mécanisme des protéines, l'équipe a alors mesuré les niveaux d'expression d'un certain nombre de gènes connus pour être impliqués dans la réponse au stress, sur 2 groupes de souris. Ils constatent que les niveaux d'expression des gènes restent constants pendant et après le stress chez les souris modifiées, alors que les modes d'expression génétique chez les souris témoins évoluent 24 heures après le stress. En d'autres termes, sans le système « urocortine », le «retour à la normale» n'est pas susceptible d'être activé.
Le système « urocortine » joue donc un rôle central dans la régulation des réponses au stress, ce qui peut avoir des implications importantes pour la prise en charge des troubles anxieux, de la dépression et de l'anorexie.