SUICIDE : Pourquoi aux Urgences il faut détecter le risque chez les préadolescents
Cette étude à l’initiative des US National Institutes of Health (NIH) sensibilise au niveau élevé du risque de suicide retrouvé chez les préadolescents reçus en services des Urgences. Si ces conclusions à paraître dans la revue Hospital Pediatrics sont spécifiques aux Etats-Unis, elles peuvent sensibiliser les médecins des Urgences, d’une manière générale, à dépister ce risque chez les enfants âgés de 10 ans à 12 ans.
Le suicide est un problème de santé publique croissant aux États-Unis. Entre 2008 et 2017, le taux de suicide chez les jeunes de 10 à 12 ans a considérablement augmenté et, aujourd'hui, le suicide est la troisième cause de décès pour ce groupe d'âge. En France, en 2017, près de 3% des adolescents déclarent avoir fait au cours de leur vie une TS ayant nécessité une hospitalisation (Source : Enquête sur la santé et les consommations lors de l’appel de préparation à la défense- OFDT). De précédentes études ont montré que la majorité des jeunes qui se sont suicidés ont été vus par un professionnel de santé au cours du mois précédant leur suicide. Le National Institute of Mental Health (NIMH/NIH) s’est rendu compte que les services des Urgences des hôpitaux constituent un cadre de base pour le dépistage du risque de suicide chez les jeunes, compte tenu du nombre de jeunes qui se rendent aux urgences chaque année pour des problèmes de santé mentale et des actes d'automutilation volontaire. Cependant, il existe cette incertitude concernant l'âge approprié pour ce dépistage des jeunes.
La visite aux Urgences d’enfants de ce groupe d’âge pourrait ainsi être un marqueur du risque de suicide, révèle cette étude. L’équipe de recherche constate en effet que près du tiers de ces jeunes, âgés de de 10 à 12 ans et qui sont vus aux Urgences, sont « dépistés » positifs à risque de suicide. 7% de ces préadolescents dont ce dépistage est positif viennent chercher de l'aide pour des problèmes d'ordre physique et non psychiatrique. Le dépistage est donc essentiel chez ces jeunes. « Habituellement, nous observons des pensées et des comportements suicidaires chez des adolescents plus âgés. Nous avons été troublés de voir autant de préadolescents diagnostiqués comme à risque de suicide, et nous avons été alarmés de constater que beaucoup d'entre eux avaient déjà « mis en pratique » leurs pensées suicidaires », explique l’auteur principal, le Dr Lisa Horowitz, scientifique clinique du NIMH : « Cette étude montre que des enfants d'à peine 10 ans qui se présentent aux Urgences pensent peut-être au suicide et que le dépistage de tous les préadolescents - indépendamment de leurs symptômes - pourrait sauver des vies ».
Dans cette étude, les chercheurs précisent dans quelle mesure les préadolescents vus aux Urgences sont diagnostiqués avec le risque de suicide, à partir d'un échantillon de 79 préadolescents vus dans 3 grands hôpitaux de pédiatrie, examinés pour évaluer leur risque de suicide à l'aide du questionnaire de dépistage du suicide (ASQ) et du questionnaire sur les pensées suicidaires (JR). L’analyse montre que :
- 53,2% des participants sont venus à l'hôpital en raison d'un problème de santé physique,
- 47% en raison d'un problème de santé mentale (dont la dépression ou les crises de panique).
- 23 des 79 (29,1%) participants pré-adolescents sont dépistés positifs au risque de suicide ;
- plus de la moitié (54,1%) des préadolescents présentant un trouble psychiatrique sont également dépistés positifs ;
- 7,1% des préadolescents venus aux Urgences en raison de troubles physiques sont également dépistés positifs au risque de suicide ;
- environ un adolescent sur cinq (17,7%), en particulier parmi ceux qui se sont rendus aux Urgences pour raison psychiatrique, avaient déjà tenté de se suicider.
Alors qu’aux Etats-Unis -comme en France- de nombreuses familles recourent aux Urgences comme principale source de soins de santé, les Urgences constituent une occasion unique d'identifier ces jeunes enfants aux prises avec des idées suicidaires.
Cela implique une initiative proactive des professionnels de santé, alors que la plupart de ces préadolescents se présentent avec des problèmes médicaux et ne font pas état bien sûr de leurs pensées suicidaires.
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