Transplantation du MICROBIOTE FÉCAL : Y-a-t-il des super-donneurs ?
Les transplantations fécales sont de mieux en mieux documentées comme efficaces pour traiter un certain nombre de troubles intestinaux tels que les maladies inflammatoires de l'intestin (MICI) et on les envisage même pour aider à prévenir la maladie d'Alzheimer et certains cancers. Mais quels sont les secrets d’un super microbiote et d’un « super-donneur » ? Ces chercheurs de l'Université d'Auckland tentent d’apporter, avec cette revue de la littérature, des réponses sur les facteurs de succès d’une pratique encore jeune et qui fait toujours face aux réticences du patient.
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Les greffes de microbiote fécal commencent à devenir un traitement de routine pour les infections diarrhéiques récurrentes et désagréables, comme celles associées aux infections à C. difficile, mais en pratique clinique, il s’avère que les selles de certains donneurs sont parfois nettement plus susceptibles d'apporter une amélioration clinique que d'autres. Cette revue révèle que ces « super-donneurs » existent bien, il s’agit de ceux dont les selles peuvent fournir les bactéries nécessaires pour restaurer les produits chimiques intestinaux qui font défaut dans des maladies telles que les MICI et le diabète. En synthèse, les greffes fécales de ces super-donneurs ont des taux de réussite particulièrement élevés.
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Mais est-on capable de les définir et de les typer ? Plus avant, il s’agirait de pouvoir déterminer ce qui, précisément définit, sur un plan bactérien, un super-donneur pour traiter la maladie d’Alzheimer, la sclérose en plaques, les cancers, l’asthme, les allergies et les maladies cardiaques, et autres pathologies associées à des modifications du microbiote intestinal. Car ces 20 dernières années, les études se sont multipliées sur les rôles du microbiote intestinal dans la santé en général mais aussi la santé mentale, et avec ces études, la liste des conditions médicales associées aux modifications du microbiome (bactéries, virus et champignons) s’est considérablement allongée.
Si le taux global de guérison des infections diarrhéiques récurrentes dépasse les 90%, les essais de transplantation fécale pour d'autres affections telles que les maladies intestinales inflammatoires et le diabète de type 2 ont des résultats bien plus mitigés, avoisinant les 20% de taux de succès, en moyenne. Ces taux mitigés suggèrent à nouveau l'importance de « super-donneurs » dont les selles seraient spécifiquement susceptibles d'influencer l'intestin dans le sens de l’amélioration clinique d’une maladie en particulier.
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Il reste à comprendre ce qu’est un super-donneur et un « super-don » pour améliorer le succès de la transplantation fécale et optimiser son efficacité dans le traitement de nouvelles conditions associées au microbiome comme la maladie d'Alzheimer, la sclérose en plaques et l'asthme. Cette compréhension passe par des essais de transplantation fécale afin de trouver des indices sur l'origine du phénomène des super-donneurs. Les essais réalisés aboutissent déjà à une conclusion :
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Un nombre plus important d'espèces présentes dans les selles du donneur se révèle être l'un des facteurs les plus importants influant sur le résultat de la transplantation fécale. En particulier, si les selles de super-donneurs contiennent un nombre élevé d’espèces clés, en d’autres mots des bactéries qui produisent des produits chimiques dont l'absence dans l'intestin de l'hôte contribue aux maladies. Dans les MICI et le diabète, par exemple, les espèces clés qui sont associées à une rémission clinique prolongée produisent du butyrate, un composé chimique doté d’une capacité de régulation du système immunitaire et du métabolisme énergétique.
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L’option de greffes de précision qui consisteraient à sélectionner des espèces clés et de greffer un mélange défini de bactéries bénéfiques, comme un probiotique, est donc à creuser. L’approche a été appliquée avec succès pour prévenir les complications chez un petit échantillon de patients atteints d'une maladie du foie. Cependant, l’étude montre aussi que la richesse microbienne présente chez le donneur n’induit pas obligatoirement l'enrichissement bactérien chez le receveur. En effet, l’environnement a également son impact, l’exposition aux virus et le régime alimentaire influent également sur le succès de la transplantation fécale.
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Les super-donneurs ne se limitent pas à transmettre des espèces clés. C’est l’équilibre global du microbiome intestinal qui contribue à la « santé ». Ainsi, l'équilibre des autres bactéries présentes et les interactions influent sur la rétention des espèces clés. Des études montrent ainsi qu’il importe non seulement de savoir quelles sont les espèces de bonnes bactéries présentes, mais aussi les espèces virales ou bactériennes qui les entourent. Certains virus pourraient affecter la survie et la fonction métabolique des bactéries et d’autres microbes transplantés, soulignent les chercheurs.
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Enfin, il s’agit de soutenir la greffe fécale par un régime alimentaire adapté : Il a été démontré qu'un changement rapide de régime alimentaire, tel que le passage d'un régime à base animale à un régime exclusivement à base végétale, peut modifier la composition du microbiote intestinal en seulement 24 heures.
On comprend que le traitement n’en n’est qu’à ses balbutiements. Les chercheurs appellent à de futurs essais de transplantation fécale qui prennent bien en compte les données sur les antécédents génétiques et l'apport alimentaire des receveurs, afin de mieux comprendre l’impact des caractéristiques de l’hôte sur la bonne prise de greffe et la rémission clinique.
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