TRANSSEXUALITÉ: La prévalence du VIH atteint 36% dans certains groupes
Les résultats de cette enquête publiée par l’Institut de veille sanitaire, la première du genre, réalisée en 2010 auprès de personnes trans, confirment la gravité de l’épidémie du VIH/sida chez les MtF et éclairent sur les difficultés d’accès aux soins en France. Elle constate en effet une très forte prévalence du VIH soit 36,4% chez les personnes transsexuelles, male‑to‑female (MtF) et d’autant qu’elles sont d’origine étrangère et ont eu une expérience du travail sexuel. Une étude qui permet également de mieux comprendre qui sont les personnes transsexuelles et leurs souhaits pour pouvoir adapter au mieux leur parcours de soins.
L'enquête, réalisée par questionnaire auprès de 381 personnes transsexuelles, diffusé en collaboration avec des associations et des professionnels de santé, avait pour objectif à la fois de mieux déterminer les caractéristiques sociodémographiques des personnes transsexuelles mais aussi leur parcours de soins et leurs situations vis‑à ‑vis du VIH/sida. Rappelons qu'en février 2010, la Haute Autorité de Santé (HAS) publiait une recommandation sur le mode de prise en charge, du médical à l'administratif des personnes transsexuelles et sur les modalités de leur parcours de soin. Cette enquête réalisée de juillet à octobre 2010, intervient donc peu de temps après cette publication de la HAS.
Qui sont les personnes transsexuelles ? Les FtM représentent 25,2% de l'effectif total et les MtF 73,8%. Les MtF se disent « femme » à 53,4% et les FtM « homme » à 54,1%, ces résultats traduisant un manque d'appropriation du nouveau sexe. Près d'un quart des personnes interrogées s'identifient ainsi à des catégories intermédiaires « femme trans », « homme trans » ou « trans » et « autre ». Cependant, lorsque les participants ont été recrutés par des professionnels de santé, le taux « d'appropriation » du sexe s'élève à 60%, montrant l'importance du suivi médical.
Quel parcours de soins ? 83,5% ds personnes trans ayant répondu (85,4% des FtM et 83,6% des MtF) ont bien eu recours à la démarche diagnostique auprès d'un psychiatre pour l'obtention du certificat attestant du « trouble de l'identité de genre » ou la prise d'hormones. Par contre, sur le plan des opérations génitales, 22,0% des individus ont eu recours à la chirurgie de stérilisation et 29,4% à la chirurgie de réassignation de sexe et, parmi les transsexuels n'ayant eu recours ni à l'une ou l'autre de ces interventions, les deux tiers l'envisagent dans l'avenir.
Comment s'est passée l'intervention ? Une majorité (58,7%) des personnes opérées dans le secteur public ont très bien ou plutôt bien vécu leur parcours, 94,1% pour celles qui ont été opérées en clinique privée et 77,7% pour celles ayant bénéficié de ces interventions à l'étranger. En fait, près de la moitié des personnes opérées dans un hôpital public français déclarent avoir connu des complications, soit plus de dux fois plus qu'en clinique privée en France ou à l'étranger.
Quelle prévalence du VIH ? Le dépistage du VIH est largement pratiqué dans la population trans : 82,5% des MtF et 63,6% des FtM déclarent avoir fait le test au moins une fois dans leur vie et 32,3% des FtM et 39,2% des MtF déclarent en avoir fait un au cours des douze derniers mois.
La prévalence du VIH/sida dans l'échantillon est fortement différenciée selon le sexe de l'état‑civil à la naissance : Si aucun FtM n'a déclaré être porteur du VIH, la prévalence du VIH parmi les MtF nées l'étranger et ayant déjà eu recours au travail du sexe est de 36,4%. Parmi les MtF ayant déjà eu recours au travail du sexe, 17,2% sont séroposiÂtives. Précisons que 20,6% des MtF ont déjà pratiÂqué le travail du sexe au moins une fois dans leur vie. 10,9% des MtF nées à l'étranger sont séropositives. Les deux facteurs se cumulent ainsi, de manière indépendante pour augmenter le risque.
Cette enquête met en évidence l'hétérogénéité de la population trans et la nécessité de prendre en compte les différences entre ses sous‑groupes.