TROUBLE BIPOLAIRE: A chaque phase de l'humeur, son dysfonctionnement cérébral
Sautes d'humeur imprévisibles et spectaculaires, hauts et bas jusqu’à la dépression, alors que de précédentes recherches ont clairement montré que le circuit de l’émotion du cerveau est déréglé chez les patients atteints de trouble bipolaire, ces chercheurs de l’Université de l’Indiana, montrent, dans l’édition du 15 janvier de la revue Biological Psychiatry que des dysfonctionnements de circuits distincts expliquent ces différentes perturbations de l’humeur.
Les troubles bipolaires touchent environ 1% de la population française. Les personnes atteintes alternent des phases maniaques, dépressives entrecoupées de périodes d'humeur « normale» et constante, appelées euthymie. Les troubles bipolaires ne sont pas anodins, non seulement associés à une surmortalité 2,3 fois supérieure à la population générale, ils nuisent de manière handicapante à la vie professionnelle, sociale et familiale.
Ces chercheurs de l'Indiana University School of Medicine ont utilisé l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour étudier les zones du cerveau qui présentent une activation anormale lors des différentes phases d'humeur de trouble bipolaire et lorsque les patients tentent de contrôler leur réponse à des stimuli émotionnels et non émotionnels. L'étude a été menée sur 104 participants non traités atteints de manie bipolaire (BM) (n = 30), de dépression bipolaire (BD) (n = 30), de trouble (bipolaire) de l'euthymie (BE) (n = 14) et de sujets témoins en bonne santé (n = 30) suivis par imagerie par résonance magnétique lorsqu'exposés à différents stimuli (visages heureux, visages tristes, ou lettres). Les chercheurs ont pu identifier ainsi les habitudes d'activation du cerveau en fonction de l'humeur des patients (BM, BD et BE) et du type de stimuli (émotion vs aucune émotion et heureux vs triste). Les chercheurs constatent que les patients bipolaires :
· en phase dépression, activent anormalement certaines zones du cerveau activées quand ils doivent contrôler leur humeur face à des visages tristes.
· En phase maniaque activent anormalement certaines zones du cerveau, indépendamment du fait qu'ils font face à des visages tristes, des visages heureux ou à un stimulus non émotionnel.
· A troubles d'euthymie montrent une activation anormale des zones corticales du cerveau tout en contrôlant leur humeur face à des visages « émotionnels ».
Ces résultats suggèrent que des dysfonctionnements dans des circuits distincts peuvent contribuer aux différents types de dérèglements de l'émotion dans les troubles bipolaires (dépression, phase maniaque, troubles euthymiques). Des données importantes pour mieux comprendre ces différentes phases et les anomalies fonctionnelles spécifiques à chaque trouble de l'humeur, explique le Dr Amit Anand, auteur principal de l'étude et qui permettent aussi de distinguer les patients symptomatiques et non symptomatiques, en fonction de leur réaction face à un stimulus émotionnel. Sans doute des implications pour mieux traiter les troubles bipolaires, en particulier par neurostimulation.
Source: Biological Psychiatry doi:10.1016/j.biopsych.2012.06.036 15 January 2013 Emotional Response Inhibition in Bipolar Disorder: A Functional Magnetic Resonance Imaging Study of Trait- and State-Related Abnormalities (Vignette NIMH)
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