Vers un VACCIN ANTIGRIPPE UNIVERSEL : Le virus H1N1 y aura contribué
On parle déjà depuis plus d'un an d’un vaccin universel qui « fonctionnerait » quelle que soit la souche grippale en circulation. Pour y parvenir, il s’agirait de développer une méthode pour générer des anticorps qui attaquent un large éventail de virus de la grippe. Eh bien, cette recherche vers un vaccin antigrippal universel a reçu un coup de pouce à partir d'une source surprenante, la souche H1N1 de la grippe pandémique 2009. Car plusieurs patients infectés par la souche H1N1 ont développé des anticorps qui protègent contre toute une variété de souches grippales, selon ces chercheurs de l'Emory University School of Medicine et de l'Université de Chicago. 5 anticorps « universels » ont ainsi été isolés, des résultats publiés dans l’édition en ligne du 10 janvier du Journal of Experimental Medicine.
«Nos données montrent que l'infection par la souche H1N1 2009 pourrait induire des anticorps protecteurs qui ne sont que rarement observés après des infections de grippe saisonnière ou la vaccination contre la grippe», explique le Dr. Jens Wrammert, l'auteur principal de l'étude, professeur de microbiologie et d'immunologie à l'Emory University School of médecine. "Ces résultats montrent que ces types d'anticorps peuvent être induits chez l'homme, si le système immunitaire a la bonne stimulation, et suggèrent que le développement d'un vaccin universel antigrippe pourrait être possible."
Les anticorps isolés à partir d'un groupe de patients infectés par la souche H1N1 de 2009 pourraient guider les chercheurs dans leurs efforts à concevoir un vaccin qui offre une protection durable contre un large spectre de virus de la grippe, expliquent les chercheurs qui vont également examiner les réponses immunitaires de personnes vaccinées contre la souche H1N1 de 2009, mais n'ayant pas été malades.
L'étude a porté sur 9 patients âgés de 20 à 30 ans, ayant présenté d'une infection grippale bénigne à des complications nécessitant une hospitalisation prolongée de 2 mois avec assistance ventilatoire. Des échantillons de sang avaient été prélevés environ 10 jours après l'apparition des premiers symptômes. L'équipe de chercheurs a identifié les globules blancs des patients qui ont produit des anticorps contre le virus de la grippe, puis isolé les gènes d'anticorps à partir de cellules individuelles. Ils ont utilisé ces gènes pour produire des anticorps en culture cellulaire, soit un total de 86 variétés qu'ils ont testés avec différentes souches virales de la grippe.
5 anticorps isolés par l'équipe se sont avérés capables de se lier avec toutes les souches saisonnières et H1N1 de la dernière décennie, de la "grippe espagnole" de 1918 et de la grippe aviaire (H5N1). Certains de ces anticorps ne font que «traquer» la région d'une partie du virus (protéine appelée hémagglutinine qui n'évolue pas autant que d'autres régions et les scientifiques proposent donc d'en faire la base du développement d'un vaccin qui pourrait offrir une protection plus large. L'équipe a testé sur la souris si 3 des anticorps isolés pouvaient les protéger contre la souche H1N1 et deux autres souches grippales.
2 de ces 3 anticorps pouvaient protéger les souris contre une dose létale de l'une ou l'autre de ces trois souches, même injecté 60 heures après l'infection.
« La surprise a été que cette souche H1N1 de la grippe, très différents, par opposition aux souches les plus courantes, pourrait nous conduire au développement d'un vaccin à large spectre", conclut le Pr. Patrick Wilson.