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VESSIE DOULOUREUSE : Son traitement peut mener à la lésion oculaire

Actualité publiée il y a 5 années 1 mois 16 heures
AAO 2019
Elmiron, le médicament largement prescrit pour le traitement de la vessie douloureuse ou cystite interstitielle, vient d’être confirmé comme toxique pour la rétine

On estime qu’aux seuls Etats-Unis, plus d'un million de personnes, principalement des femmes, sont atteintes du syndrome de la vessie douloureuse. Or le médicament largement prescrit pour le traitement de la vessie douloureuse ou cystite interstitielle, vient d’être confirmé comme toxique pour la rétine par cette étude de l’Institut Kaiser Permanente (Californie). Alors qu’une précédente étude avait déjà suggéré que le médicament Elmiron (pentosan sodique polysulfate ou PPS) pourrait être associé à des lésions de la rétine, ces trois ophtalmologistes constatent qu’en effet environ 25% des patients fortement exposés au médicament présentent des signes évidents de lésions oculaires. Ces conclusions, présentées lors du Congrès annuel de l’American Academy of Ophtalmology impliquent, a minima, un dépistage des lésions de la rétine chez les patients sous traitement au moins une fois par an.

 

Le syndrome de la vessie douloureuse -ou cystite interstitielle-, qui touche majoritairement des femmes, est caractérisé par des douleurs au bas-ventre et des envies fréquentes d'uriner. Si la miction soulage les douleurs, le syndrome peut être handicapant au quotidien et obérer la qualité de vie.

Le médicament Elmiron est indiqué dans le traitement du syndrome de la vessie douloureuse avec glomérulations ou ulcères de Hunner (ulcération de la paroi de la vessie) chez les adultes souffrant de douleurs modérées à fortes, de mictions impérieuses et fréquentes.

Visuel American Academy of Ophthalmology

L’étude ajoute à la preuve de l’association entre les « médicaments de la vessie » et des lésions oculaires

Une suspicion sur 6 patients : une première étude pilote menée chez un petit groupe de 6 patients avait relevé qu'environ un quart des patients ayant été significativement exposés au médicament montraient des signes de lésions rétiniennes. L’équipe du Dr Nieraj Jain, du Emory Eye Center à Atlanta (Géorgie) révélait que ces 6 patients qui prenaient Elmiron depuis environ 15 ans avaient développé des changements inhabituels dans leur macula, la partie centrale de la rétine responsable de la vision centrale. Pourtant rien dans les antécédents médicaux ou tests de diagnostic des patients ne pouvait expliquer ces anomalies. Hors l'utilisation à long terme d'Elmiron.

 

Une confirmation sur 4 millions : l’équipe d’ophtalmologistes du Kaiser Permanente (Robin A. Vora, Amar P. Patel et Ronald Melles), font ici le même constat chez leurs patients. Une patiente sous traitement à long terme est notamment diagnostiquée avec dystrophie rétinienne, un cas inquiétant qui les a incités à examiner toute la base des patients du Kaiser soit 4,3 millions de patients. Cette analyse constate :

  • 140 patients -sur les 4,3 millions- ont pris en moyenne 5.000 pilules d’Elmiron au cours des 15 dernières années ;
  • sur ces 140 patients traités, 91 ont accepté de passer un examen ;
  • 22 des 91 patients présentent des signes évidents de toxicité du médicament ;
  • le taux de toxicité augmente avec la quantité de médicament consommée, passant de 11% chez les patients ayant pris 500 à 1.000 grammes à 42% chez les patients ayant pris 1.500 grammes ou plus (en cumul).

 

 

Une association qualifiée de « malheureuse » par l’auteur principal, alors qu’Elmiron n’est « ni curatif ni efficace. On met ces patients sous traitement en présumant l’absence d’effets secondaires, et personne n'y pense plus. Et année après année, le nombre de pilules avalées augmente progressivement le risque ».

 

Un seuil de toxicité ? On ignore à partir de quelle quantité le médicament est toxique. Donc les chercheurs recommandent aux patients ne présentant aucun signe de toxicité de faire un dépistage des lésions de la rétine au moins une fois par an. A ceux qui présentent des lésions oculaires, ils recommandent de consulter l’urologue afin d’envisager l’arrêt du traitement. Les auteurs alertent aussi sur la difficulté de ce dépistage : en effet cette toxicité médicamenteuse peut être masquée par d'autres affections rétiniennes connues, telles que la dégénérescence maculaire liée à l'âge ou la dystrophie persistante.

 

Il est clair que des centaines de milliers de personnes ont probablement été exposées au médicament, concluent les chercheurs. Néanmoins, la bonne nouvelle est que, dépistées précocement, ces lésions oculaires peuvent s’atténuer avec l’arrêt du traitement. Cependant, à un stade avancé, la toxicité peut imiter une dégénérescence maculaire liée à l'âge, et à un stade avancé, entraîner une perte de vision permanente.


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