VIEILLISSEMENT : La protéine qui repousse les effets de l'âge et fait repousser les cheveux
Ces chercheurs ne s'attendaient pas à ce que le pelage des souris se mette à repousser, et pourtant c’est bien l’effet constaté chez l’animal, de leur nouvelle molécule : cette version modifiée d'une protéine, appelée « FOXO4-DRI » se révèle très prometteuse à cibler puis à détruire les cellules sénescentes et ainsi à contrecarrer les signes de l’âge, dont, en particulier la perte des cheveux. Des données, encore expérimentales mais prometteuses présentées dans la revue Cell, qui pourraient trouver des retombées commerciales considérables.
Les scientifiques de l'Erasmus University Medical Center (Rotterdam) et du Buck Institute for Research on Aging (Californie) ont travaillé, comme de nombreuses équipes, à développer un composé chimique capable d'éliminer les cellules sénescentes, c'est-à -dire des cellules vieillies qui ne se divisent plus. Ces cellules sénescentes, capables d'échapper à l'apoptose, c'est-à -dire au processus de mort cellulaire et donc de continuer à vivre pendant de longues périodes de temps, peuvent altérer ainsi la fonction tissulaire. La recherche a porté sur des cellules de souris naturellement vieillissantes et de souris génétiquement modifiées pour vieillir plus rapidement. Les cellules ont été induites à devenir sénescentes par exposition à un rayonnement ionisant ou par chimiothérapie (doxorubicine). Les chercheurs ont regardé si ces cellules sénescentes suivaient les mêmes voies d'apoptose (mort cellulaire) et voulu tester si certains peptides pénétrant dans les cellules (CPP pour cell-penetrating peptides) seraient en mesure de modifier ces voies et de contrecarrer le processus de sénescence. En testant les effets d'un CPP en particulier, FOXO4, les chercheurs constatent qu'en modifiant légèrement le peptide ils pouvaient lui conférer de nouvelles propriétés. Ce peptide modifié, appelé FOXO4-DRI, est ensuite testé sur les cellules sénescentes. Ainsi, des souris ont reçu FOXO4-DRI 3 fois par semaine pendant 10 mois. Leurs résultats de santé, dont la densité des poils ou leurs niveaux d'activité physique ont été pris en compte.
La recherche montre que FOXO4-DRI a bien la capacité :
-de moduler la voie d'apoptose dans les cellules sénescentes, en perturbant l'interaction entre FOXO4 et la protéine tumorale p53. Cet effet favorise l'apoptose dans les cellules sénescentes, ce qui permet l'élimination de ces cellules déficientes ;
-de neutraliser la toxicité causée par la chimio et donc de stopper l'effet vieillissement accéléré, mais aussi -de freiner le vieillissement naturel, chez la souris. Le composé semble même capable de contrer la perte de fonction hépatique et rénale ainsi que la perte de densité du pelage de la souris.
En conclusion, la voie du ciblage thérapeutique des cellules sénescentes est réalisable, en particulier via les cell-penetrating peptides. Plus précisément, concernant le composé FOXO4-DRI, si de nombreuses études seront nécessaires avant qu'il soit utilisable chez l'Homme, la molécule, sans doute à « perfectionner » pourrait fournir la base d'un traitement « révolutionnaire » contre la perte de cheveux et certains des effets du vieillissement, ce qui répondrait à un besoin considérable.
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