VIH et PTME: La PrEP des bébés allaités les protège contre l'infection
La prophylaxie pré-exposition, ou PrEP, ou prévention par traitement antirétroviral de l’infection à VIH des bébés de mères séropositives, allaités, diminue considérablement le risque de transmission mère-enfant du VIH. Traiter l’enfant 6 à 12 mois après sa naissance, même lorsque toujours allaité, donc exposé au VIH, constitue donc une bonne option de prévention de la transmission mère-enfant (PTME). Ces nouvelles données, présentées dans le Lancet, non seulement confirment l’intérêt de l'ajout d’une PrEP chez les bébés allaités mais suggèrent que cette stratégie est sans danger.
L'étude menée dans 4 pays d'Afrique (Burkina Faso, Afrique du Sud, Ouganda et Zambie) par une équipe de l'Inserm avec des collègues de différentes universités africaines, révèle que même 6 à 12 mois après la naissance, la PrEP infantile reste efficace, ce qui n'avait jamais été évalué. Précisément, c'est ici l'efficacité et l'innocuité de 2 schémas thérapeutiques (lamivudine ou lopinavir-ritonavir) de PrEP qui a été évaluée avec pour principal critère, l'absence de transmission postnatale du VIH-1 jusqu'à 50 semaines d'allaitement.
L'essai contrôlé randomisé a été mené chez 1.236 nourrissons, allaités, âgés de 7 jours au départ de l'étude, dont 615 ont été assignés à la combinaison lopinavir-ritonavir et 621 affectés à la lamivudine, en formulations liquides pédiatriques, et jusqu'à 1 semaine après l'arrêt complet de l'allaitement ou à la 50è semaine de suivi. Leurs mères étaient séropositives mais non encore alors admissibles au TARV (taux de CD4> 350 cellules/ μl : aujourd'hui, l'OMS conseille que toutes les personnes diagnostiquées avec le VIH commencent immédiatement le traitement). Durant le suivi de l'étude,
· 17 infections à VIH ont été diagnostiquées (8 dans le groupe lopinavir-ritonavir et 9 dans le groupe lamivudine), dont
o la plupart en raison du manque d'observance du traitement,
o la moitié intervenue après 6 mois d'allaitement, donc à une période d'exposition réduite par l'alimentation mixte de l'enfant.
2 conclusions s'imposent donc :
- L'absence de différence d'efficacité entre les 2 options thérapeutiques testées,
- et l'efficacité de l'extension de la prophylaxie PrEP jusqu'à la fin de l'exposition au VIH via l'allaitement.
Certes, d'autres recherches restent nécessaires, écrivent les auteurs, pour améliorer les formulations pédiatriques orales mais la PrEP infantile même tardive soit 4 à 13 mois après la naissance semble une alternative efficace et sûre pour la PTME en particulier pour les mères non disposées à se lancer dans un TART à long terme ou dans les pays où le TART maternel « universel » ne peut être mis en œuvre.
Source: The Lancet 18 November 2015 DOI: 10.1016/S0140-6736(15)00984-8 Extended pre-exposure prophylaxis with lopinavir–ritonavir versus lamivudine to prevent HIV-1 transmission through breastfeeding up to 50 weeks in infants in Africa (ANRS 12174): a randomised controlled trial
Lire aussi: VIH: Autotest et PrEP, des options qui restent à élargir -
Autres actualités sur le même thème
-
VIH: Un composé du cannabis pour ralentir le sida
Actualité publiée il y a 12 années 8 mois -
VIH: Une contraception hormonale augmente-t-elle le risque d'infection?
Actualité publiée il y a 9 années 10 mois -
VIH: Une charge virale détectable double le risque cardiovasculaire
Actualité publiée il y a 10 années 11 mois -
VIH: Le suivi biologique peut être aussi coût-efficace que la mise sous traitement
Actualité publiée il y a 11 années 6 moisCette étude économique, menée par une équipe de l’Inserm en collaboration avec d’autres instituts de recherche dont camerounais, est la première à démontrer...