VIH : Identification d'une protéine, «Vif», qui sort le virus de son état de latence
Une étude menée par le Children's Hospital de Philadelphie et financée par les NIH, met en lumière la façon dont le VIH prend contrôle du cycle cellulaire des cellules qu'il infecte. Ces nouveaux résultats, publiés dans l’édition du 27 janvier de la revue Blood peuvent expliquer comment le virus se réactive après être entré dans un état de latence. Une protéine, Vif pour "Viral infectivity factor" participe au « réveil » du virus et est secondée dans sa tâche par deux autres protéines, identifiées par les chercheurs. Ces 3 protéines sont donc des cibles potentielles pour le développement de nouveaux traitements.
"Nous avons réussi à mieux comprendre les séquences biologiques qui réveillent le VIH de sa latence, et nous espérons trouver les moyens d'intervenir dans ce processus pour pouvoir proposer de meilleurs traitements aux personnes infectées par le VIH», explique le responsable de l'étude Le Pr. Terri H. Finkel, chef de service de rhumatologie à l'Hôpital pour enfants de Philadelphie.
La latence virale est l'un des problèmes persistants dans le traitement de l'infection à VIH. Les combinaisons actuelles de médicaments anti-VIH peuvent réduire les niveaux de VIH à un niveau indétectable, mais le virus se « cache » dans les cellules infectées de façon latente comme s'il était en hibernation. Si un patient cesse de prendre des médicaments ou est affaibli par une autre infection, le VIH peut faire une résurgence de ses réservoirs viraux et le virus peut devenir résistant au traitement.
"En contrôlant le cycle cellulaire, les virus contrôlent leurcapacité infectieuse » : L'étude actuelle est centrée sur une protéine, Vif (viral infectivity factor), produite par le VIH-1 prod. Finkel et coll. ont précédemment découvert que Vif pousse les cellules infectées par le VIH à cesser de croître à une certaine phase du cycle cellulaire, la phase « G2 ». L'équipe d'étude a constaté que Vif agit également à un stade précoce dans le cycle cellulaire, lors de la sortie des cellules de la phase de repos « G1 » vers une phase plus active « S ». En bref, Vif peut "réveiller" une cellule latente infectée et peut réactiver l'infection. D'autres virus qui passent par un état latent, comme le virus de l'herpès et le virus Epstein-Barr, expriment également des protéines qui stimulent la transition de la phase de repos G1 à la phase plus active, S.
2 protéines, Brd4 et Cdk9, interagissent avec Vif : Les chercheurs ont effectué leur travail sur des cellules HeLa, une lignée cellulaire humaine utilisée depuis longtemps pour les recherches sur les cellules, ainsi sur des cellules T humaines, des cellules immunitaires présentes dans le sang. Ils ont identifié deux protéines, Brd4 et Cdk9, qui interagissent avec Vif. Cette interaction est une découverte, bien que ces protéines soient déjà connues pour réguler la progression du cycle cellulaire.
L'identification des partenaires cellulaires de Vif peut également les impliquer en tant que cibles thérapeutiques potentielles. «Si nous pouvons interrompre l'activité de Brd4 ou Cdk9, nous pourrions être en mesure d'empêcher l'infection latente de devenir active," explique le Pr. Finkel. "En tirant parti de Brd4 ou Cdk9, il est également possible de conduire les cellules à l'état de latence et de rendre ainsi le virus plus sensible aux médicaments anti-VIH."
Les premiers tests précliniques d'inhibiteurs de ces protéines sont déjà en cours, mais il est trop tôt pour savoir s'ils pourront conduire à des traitements cliniques anti-VIH.