VIH: Un médicament du sevrage alcoolique qui débusque le virus
Il s’agit d’un médicament destiné à réduire la dépendance à l'alcool, le disulfirame (Espéral®) dont les effets inattendus viennent d’être révélés par une équipe australienne de la Monash University (Melbourne). Ce médicament destiné donc à lutter contre l'alcoolisme réveille le VIH latent qui donc se retrouve exposé aux effets de la thérapie antirétrovirale. Et il suffit de 3 jours pour obtenir ce résultat, sans effet indésirable. Des conclusions, présentées dans le Lancet VIH, qui permettent de faire avancer la piste thérapeutique majeure qui consiste à débusquer le virus pour pouvoir éliminer ses réservoirs latents.
On sait que le virus « se cache » sous forme de «réservoirs viraux» qui échappent en particulier au traitement antirétroviral (TARV). Ces réservoirs viraux se forment au cours de l'infection initiale, et même avant le moment où le virus commence à se propager dans la circulation sanguine. Plusieurs équipes de recherche travaillent sur des molécules capables de débusquer le VIH latent. Une récente recherche de l'Université de Californie, San Francisco a déjà montré qu'un anti-cancéreux indiqué dans le cancer de la peau, peut être en mesure de débusquer le VIH latent. Cette étude montre que le disulfirame peut également activer le VIH latent, le rendant donc vulnérable au TARV, et cela sans effets indésirables.
Le Dr Sharon Lewin, de l'Université de Melbourne auteur principal de l'étude rappelle que plusieurs recherches ont abouti à des molécules capables d'activer le VIH latent, mais non pas sans toxicité. Son étude suggère que le disulfirame n'est pas toxique et pourrait donc jouer ce rôle en toute sécurité.
L'essai mené auprès de 34 adultes vivant avec le VIH et sous TARV, (avec ARN plasmatique du VIH <50 copies par ml et CD4 >350 /mm3), répartis pour recevoir un des 3 dosages (500 mg, 1mg et 2mg) de disulfirame /jour sur 3 jours, montre que
Ø l'administration à court terme de disulfirame a bien entraîné en une augmentation de l'activation du VIH latent. Aucun effet indésirable grave et a fortiori aucun décès n'a été constaté. Le disulfirame a été bien toléré à toutes doses.
Le médicament, expliquent les auteurs, n'a été donné que durant 3 jours, sur une durée très courte mais suffisante pour constater une nette augmentation de la charge virale dans le plasma, ce qui est un résultat très encourageant.
Source: The Lancet HIV 16 November 2015 DOI: 10.1016/S2352-3018(15)00226-X
Lire aussi: VIH: Réactiver le virus latent pour le débusquer -
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