VIH : Une nouvelle voie thérapeutique cible le virus dans les macrophages
C'est en grande partie grâce à sa capacité à se cacher dans le corps que le VIH est capable de survivre pendant des décennies et finalement de l'emporter contre les incessantes réponses du système immunitaire. L'une des « cachettes » favorites du virus est une cellule immunitaire appelée macrophage, dont le travail consiste à détruire et digérer les envahisseurs étrangers et les débris cellulaires. Ces chercheurs de l'University of Rochester Medical Center et de l'Université Emory ont ont identifié une molécule spécifique utilisée par le virus pour se répliquer dans les macrophages qui pourrait bien servir de cible à de nouveaux médicaments anti-VIH. Des résultats publiés dans l’édition du 10 décembre du Journal of Biological Chemistry.
Le VIH s'adapte d'une façon surprenante pour survivre et se développer dissimulé au sein du système immunitaire humain. Bien que cette faculté d'adaptation et de dissimulation du virus permet d'expliquer pourquoi le VIH reste un tel ennemi redoutable après trois décennies de recherche et pourquoi plus de 30 millions de personnes à travers le monde vivent avec une infection au VIH, c'est aussi un angle de recherche pour tenter d'arrêter le virus.
Depuis plus de 15 ans, Le Pr. Baek Kim, est fasciné par cette capacité du VIH à se mettre à couvert dans une cellule dont le travail est de tuer les cellules étrangères. Durant ses travaux, le chercheur a constaté que lorsque le VIH se trouve, dans le macrophage, face à une pénurie de la machinerie moléculaire nécessaire pour se répliquer, le virus s'adapte en contournant l'une des molécules qu'il utilise habituellement et utilise, à la place, une autre molécule qui elle, est disponible. Normalement, le virus utilise dNTP (deoxynucleoside triphosphate) mais dNTP est peu présente dans les macrophages. En revanche, les macrophages ont des niveaux élevés d'une molécule appelée rNTP (ribonucleoside triphosphate), qui est polyvalente. L'équipe a constaté que le VIH utilise principalement rNTP au lieu de dNTP pour se répliquer à l'intérieur des macrophages.
Réduire la réplication du virus dans les macrophages de 90% : En réduisant les niveaux de rNTP, la capacité du virus à se répliquer dans les macrophages se trouve réduite de plus de 90%. Il faut savoir que les médicaments actuels ciblent généralement des dNTP, et non rNTP pour cibler le virus dans les cellules immunitaires T, CD4 +. Cette nouvelle recherche ouvre la possibilité de cibler le virus dans les macrophages - où le virus est hors de portée de la plupart des médicaments actuels.
Le Pr. Kim note qu'un composé qui cible rNTP existe déjà . La cordycepine est un composé expérimental, provenant de champignons sauvages, actuellement testé comme médicament anti-cancereux. L'équipe prévoit de tester des composés analogues sur l'activité anti-VIH.