VISAGE : 32 gènes pour façonner ses traits
Les thérapies géniques feront-elles un jour leur apparition en médecine esthétique ? Au-delà des questions éthiques, cette éventualité pourrait au moins sur le papier devenir une réalité. Cette équipe de l’University College de Londres (UCL) identifier des gènes qui confèrent au visage sa forme : précisément, 32 sites génétiques qui influencent la forme du nez, des lèvres, de la mâchoire et des sourcils, dont 9 sites tout à fait nouveaux. Cette analyse d'association pangénomique, publiée dans la revue Science Advances, contribue à la compréhension de l'évolution de l'apparence du visage chez l'Homme et d'autres espèces.
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L’équipe internationale, composée de scientifiques de l'UCL, de l'Université d'Aix-Marseille et de l'Open University (UK) a comparé les données génétiques de 6.000 participants d’Amérique latine avec les caractéristiques de la forme de leur visage, caractérisée par 59 mesures (distances, angles et rapports entre différents points) recueillies à partir de photos de profil.
Parmi les 32 gènes identifiés comme impliqués dans la forme du visage,
- le gène TBX15, qui contribue à la forme des lèvres, s’avère lié à des données génétiques trouvées chez les Denisoviens, une espèce du genre Homo, qui vivait il y a environ 40.000 ans ; une partie de l’ADN des Denisoviens est retrouvé chez des habitants des îles du Pacifique et certaines populations autochtones des Amériques ;
- le gène VPS13B, qui influence la forme de la pointe du nez ; ce gène affecte également la structure du nez chez les souris, indiquant une base génétique largement partagée parmi des espèces de mammifères éloignées.
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La découverte de ces gènes suggère que les gènes de la forme du visage ont été façonnés par l'évolution et la nécessité au cours de l’évolution de s’adapter à l’environnement : « la recherche peut nous aider à comprendre comment les humains ont évolué et fournir des informations biomédicales de base », écrit le professeur Andres Ruiz-Linares (Université Fudan, UCL Genetics, Evolution & Environment, et Aix-Marseille University), auteur correspondant de l’étude.
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En effet, sur un plan clinique, ces résultats vont aider à comprendre les processus de développement qui déterminent les traits du visage et contribuer à la compréhension des troubles génétiques qui conduisent à des anomalies faciales.