11 SEPTEMBRE: Impacts sanitaires et enseignements face à l'adversité
Catastrophe non naturelle, exposition environnementale, stress post-traumatique, les mots ne manquent pas pour illustrer les trop multiples conséquences, ne serait-ce que sanitaires, d’un drame brutal et aigü touchant des centaines de milliers de personnes. Ce bilan réalisé par une équipe de chercheurs de l’University of New York School of Public Health, tire de la seule manière positive possible, les enseignements de ce 11 septembre. Des grands efforts déployés pour comprendre et traiter les effets sanitaires de la catastrophe et des limites de la connaissance des ramifications d'un tel désastre environnemental, émerge peu à peu une réponse sanitaire à l’adversité. Des éléments de réponses à retrouver dans l’édition du 8 septembre du JAMA.
Plusieurs études ont examiné les conséquences sanitaires des attaques du 1 septembre et sont parvenues à identifier des groupes à risque élevé. Si les mécanismes ne sont pas bien compris, certains schémas ont été éclaircis.
Asthme et maladies respiratoires : Immédiatement ou peu après avoir été pris dans le nuage de poussière de l'effondrement des tours ou des poussières résiduelles, les survivants et les intervenants ont éprouvé toute une gamme de symptômes des voies respiratoires supérieures et inférieures. Certains symptômes ont persisté chez certains quelques jours mais persistent encore chez les personnes les plus exposées.
Les nouveaux diagnostics d'asthme chez l'adulte ont atteint entre 8% et 12% pour l'ensemble des groupes fortement exposés, jusqu'à 5 à 6 ans après l'événement, soit une prévalence environ 3 fois supérieure à la normale. Sur une « cohorte » de pompiers, la perte persistante de la fonction pulmonaire a été documentée par mesures par spirométrie avant puis après l'événement. L'ensemble des diagnostics d'asthme et de réduction de la fonction pulmonaire est intervenu dans la première année qui a suivi le 11 septembre. Aucune étude ne montre une disparition systématique des symptômes rapidement après l'exposition. Une autre étude montre que plus d'un tiers (36%) des employés des entreprises à proximité souffraient d'asthme 6 ans après la catastrophe.
L'impact sur la Santé mentale a été colossal, avec des troubles de stress post traumatique touchant de 12% à 23% des personnes exposées. Une étude prospective de cohorte menée sur plus de 46.000 personnes directement exposées montre une fluctuation des symptômes de stress post traumatique au fil du temps avec une augmentation, passant de 14% 2 à 3 ans après l'attaque à 19%, 5 à 6 ans après pour les personnes les plus exposées. Les causes exprimées sont bien sûr, les blessures et chocs physiques subis, l'exposition à la poussière, l'exposition comme témoin à des drames humains, la participation à des actes de secours ou de sauvetage, la perte d'un être cher, d'un collègue ou… d'un emploi.
La dépression a atteint des taux de prévalence de 13% à 36% chez les personnes exposées.
Des lacunes dans les connaissances scientifiques, de nombreuses questions sans réponse. Malgré des dizaines de milliers d'examens cliniques, la physiopathologie de la maladie respiratoire associée reste incertaine. Les données actuelles appuient l'obstruction et l'hyperréactivité bronchique prédominante en tant que moteurs des symptômes, mais les processus restent incertains. Sur l'évolution du stress post traumatique et son augmentation tardive, ses facteurs de risque spécifiques ou encore les signes prédicteurs de la résolution des symptômes traumatiques et de la résilience restent inconnus. Par ailleurs, les auteurs précisent que, les effets sur la santé à long terme sur les enfants demeurent non caractérisés.
D'autres conséquences sanitaires de la catastrophe du 11, plus rares, ont été relevées. Par exemple, une incidence plus élevée de la granulomatose sarcoïdosique nécrosante pulmonaire, a été observée chez des pompiers et des équipes de sauvetage dans les 2 années qui suivirent le 11 Septembre.
On peut s'attendre à déceler de nouvelles conséquences sanitaires rares et inattendues dans l'avenir, précisent les auteurs, y compris le développement de cancers hématologiques et solides. A l'heure actuelle, le petit nombre de données ne permet pas d'imputer ces cancers à l'attaque, mais c'est l'onjet d'une réévaluation périodique.
Des enseignements pour la préparation aux catastrophes futures : Plans de sécurité pour les travailleurs, amélioration des équipements de protection, organisation des rotations des intervenants, dépistage rapide des populations à risque élevé, accès précoce aux soins en santé mentale ne sont que quelques-uns des enseignements à tirer. Des directives sont encore nécessaires pour guider les systèmes de soins et orienter les décisions selon la nature de la catastrophe et ses effets sanitaires. Cet anniversaire est l'occasion de réfléchir sur ce qui a été accompli pour mieux comprendre et préparer la réponse sanitaire à l'adversité, concluent les auteurs.
Source : JAMA Published online September 8, 2011.doi: 10.1001/jama.2011.1289 « Health Consequences of the World Trade Center Disaster”
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