ANOREXIE et perte d'appétit: Découverte du circuit neuronal responsable
Ces scientifiques de l’Université de Washington décrivent dans l’édition du 14 mars de la revue Nature le circuit du cerveau impliqué dans la perte d'appétit. C’est chez la souris mais l’étude ouvre la possibilité de cibles thérapeutiques et de traitements possibles pour les troubles de l'alimentation, comme les nausées, certaines aversions alimentaires ou encore l'anorexie mentale. La perte d'appétit peut être passagère ou se poursuivre jusqu’au stade de la dénutrition. Si cela concerne directement l'intestin, les chercheurs rappellent l’importance de « ce qui se passe dans la tête ». Leur étude contribue en effet à comprendre le rôle du cerveau, des voies de signalisation qui conduisent à la perte d'appétit, et les systèmes de protection naturels qui nous permettent d’échapper à la « famine ».
L'auteur principal, le Dr Richard D. Palmiter (Photo ci-contre @ Université de washington), professeur de biochimie à l'Université de Washington et chercheur au Howard Hughes Medical Institute est déjà un scientifique connu pour avoir su développer des souris transgéniques dans les années 1980 avec le Dr Ralph Brinster de l'Université de Pennsylvanie. Ses études les plus récentes portent sur les composés chimiques utilisés par nos neurones pour communiquer et sur leurs rôles respectifs dans le développement du cerveau et de la fonction neuronale de la souris.
Le Dr Palmiter et ses collègues se sont attardés sur une petite partie du cerveau, appelé le noyau parabrachial, un « hub » important d'intégration des signaux venant de plusieurs régions du cerveau et participant à moduler la prise alimentaire. Ainsi, les nausées, parmi d'autres troubles alimentaires, peuvent provenir de signaux transformés dans le noyau parabrachial. Dans cette nouvelle recherche, les chercheurs ont découvert le type et l'emplacement des cellules du cerveau qui envoient ces signaux au noyau parabrachial et étouffent ainsi la capacité de s'alimenter. Ils montrent aussi comment ces signaux peuvent être bloqués pour restaurer un appétit normal et conjurer la famine : Des études antérieures menées par la même équipe et par l'équipe du Dr Michael Schwartz de l'UW sur le diabète et l'obésité ont montré que certaines cellules nerveuses de l'hypothalamus jouent un rôle dans la promotion de l'alimentation et de la prise de poids. Si ces cellules sont détruites, l'alimentation s'arrête. Le repas sera refusé et la nourriture ou la boisson placée dans la bouche ne sera que mal avalée. L'activation excessive de noyau parabrachial du cerveau participe à ce trouble alimentaire.
Améliorer la signalisation du récepteur du GABA redonne l'appétit : Les chercheurs constatent qu'en améliorant la signalisation du récepteur du GABA, un des neurotransmetteurs les plus communs, ils peuvent « calmer » l'excitation coupable du noyau parabrachial excité. Sur la souris, les chercheurs se montrent capables de prévenir la perte sévère d'appétit par l'administration de bretazenil, un composé qui favorise la signalisation de GABA ou par l'administration d'ondansétron (Zophren), un anti-émétique utilisé en cours de chimiothérapie. L'équipe Palmitera a également utilisé des virus spécialement conçus pour réduire sélectivement la signalisation par le glutamate, un autre neurotransmetteur qui contribue aussi à l'activation anormale des cellules du noyau parabrachial qui inhibent l'alimentation.
Prochaine étape pour ces chercheurs, l'identification des gènes actifs chez ces cellules du noyau parabrachial. Trouver ces gènes leur permettrait de manipuler sélectivement leur activité chez la souris pour tenter de contrôler les comportements alimentaires.
Source: Nature (2012) doi:10.1038/nature10899Received Published online 14 March 2012 Deciphering a neuronal circuit that mediates appetite (Vignette Welcome Trust)
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