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AXE INTESTIN -CERVEAU : Premiers indices chimiques et épigénétiques

Actualité publiée il y a 5 années 1 mois 2 semaines
Nature
Jusqu’à maintenant, personne n'a encore compris comment les MICI et d'autres affections gastro-intestinales chroniques influent sur le comportement et la santé mentale

Ces travaux du Weill Cornell Medicine (New York) identifient les premiers processus cellulaires et moléculaires sous-jacents à la communication entre microbes intestinaux et cellules du cerveau. Alors que ces dernières années cet axe "intestin-cerveau" a été documenté lors de nombreuses recherches portant sur différentes affections psychiatriques, cette étude, présentée dans la revue Nature, et menée chez la souris, décrypte comment des modifications épigénétiques et les composés chimiques dérivés de microbes intestinaux jouent un rôle majeur dans la fonction et la chimie du cerveau.  

 

On sait que les personnes atteintes de maladies auto-immunes telles que les maladies inflammatoires de l'intestin (MICI), le psoriasis et la sclérose en plaques peuvent également présenter un microbiote intestinal affaibli et souffrir d'anxiété, de dépression et de troubles de l'humeur. Les risques génétiques pour les troubles auto-immunes et psychiatriques semblent également être étroitement liés. Cette étude fournit de nouvelles données sur les mécanismes de communication entre l'intestin et le cerveau. Comme le rappelle l'auteur principal, le Dr David Artis : « Jusqu’à maintenant, personne n'avait encore compris comment les MICI et d'autres affections gastro-intestinales chroniques influent sur le comportement et la santé mentale ».

La modification du microbiote entraîne des changements chimiques et épigénétiques dans le cerveau

Microbiote et microglie : A l’aide de techniques avancées de séquençage de gènes et d’analyse de petites molécules dans les cellules, l’équipe a tenté de comprendre sur des modèles de souris, les changements qui se produisent dans les cellules du cerveau lorsque le microbiote intestinal s’épuise. Ainsi, des souris traitées par antibiotiques afin de réduire leur microbiote intestinal, ou élevées de manière à être exemptes de germes, présentent une capacité très diminuée à percevoir la fin d’un danger. Pour comprendre la base moléculaire de ce résultat, les scientifiques séquencent l’ARN dans des cellules immunitaires appelées microglies situées dans le cerveau et constatent qu'une altération de l'expression des gènes dans ces cellules joue un rôle dans le remodelage des processus d'apprentissage. Ces modifications ne sont pas observées dans la microglie de souris en bonne santé.

Ces changements dans l'expression des gènes dans la microglie, en cas de microbiote appauvri, perturbent les connexions entre les cellules du cerveau et interfèrent avec la formation normale de nouvelles connexions en cas d’apprentissage.

 

 

Microbiote et chimie du cerveau : L’équipe montre également que les concentrations de plusieurs métabolites associés à des troubles neuropsychiatriques, tels que la schizophrénie et l’autisme, sont modifiées : « La chimie du cerveau détermine essentiellement la manière dont nous ressentons et réagissons à notre environnement, et il est de plus en plus évident que ces produits chimiques dérivés des microbes intestinaux jouent un rôle majeur dans nos comportements », expliquent les chercheurs.  

 

 

Restaurer le microbiote restaure la microglie ? Lorsque les chercheurs tentent d’inverser les troubles d’apprentissage chez les souris au départ privées de microbiote, en restaurant le microbiote, ils constatent que cela est possible de rétablir des comportements sains, mais lorsque cette restauration intervient immédiatement après la naissance. Cela suggère que ces « signaux microbiotiques » sont nécessaires très tôt dans la vie. Une découverte intéressante, alors que de nombreux troubles psychiatriques associés à une maladie auto-immune sont associés à des problèmes au cours du développement cérébral précoce.

 

L'axe intestin-cerveau a donc un impact clé sur chaque être humain et sur son comportement durant chaque jour de sa vie. C'est une toute première confirmation et compréhension de l'influence de l'intestin sur des maladies aussi diverses que l'autisme, la maladie de Parkinson, le syndrome de stress post-traumatique et la dépression.

Avec l'espoir, pour toutes ces équipes de recherche qui travaillent sur cet axe intestin-cerveau, d'identifier à terme des cibles microbiotiques qui pourraient être utilisées pour traiter aussi les troubles psychiques et neurologiques.


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