BINGE DRINKING: Une sorte d'ascenseur social pour les étudiants défavorisés?
Le binge drinking associé dans certaines écoles et universités à une image de réussite et d’épanouissement social, c’est ce que suggère cette recherche présentée à la 107e réunion annuelle de l'American Sociological Association qui tente d’expliquer les raisons de cette pratique croissante chez les étudiants. Sans l’encourager pour autant.
«Le binge drinking est symbole de statut élevé dans les écoles » explique Carolyn L. Hsu, co-auteur de cette étude menée auprès de 1.600 étudiants, et professeur agrégé de sociologie à l'Université Colgate. «C'est le comportement des étudiants « les plus puissants, les plus riches et les plus heureux » du campus. Cela devient donc une activité souhaitable et enviable pour les autres étudiants ». En pratiquant le binge drinking, les étudiants moins favorisés peuvent éprouver la même satisfaction sociale que les étudiants de classes sociales plus élevées et les résultats de cette étude suggèrent que, dans une certaine mesure, ils y parviennent. Sur les campus, le binge drinking, une pratique associée à un statut élevé et « cool » : Les auteurs ont pris en compte, dans leur définition des statuts des étudiants, les études existantes concernant les taux de réussite, la discrimination par les pairs et les signes d'hostilité constatés sur les campus. La pratique du binge drinking a été assimilée à la consommation ponctuelle de 14 verres sur une semaine. Les auteurs ont évalué la satisfaction sociale par questionnaire portant sur l'expérience globale sociale de l'étudiant sur le campus. · Première conclusion, un étudiant de « statut supérieur » -défini dans cette étude comme issu d'une famille plutôt aisée, plutôt de sexe masculin, de race blanche, et hétérosexuel- a une expérience sociale généralement plus heureuse à l'université ou dans son école, que ses camarades de groupes de statut inférieur. · Seconde conclusion, les étudiants « de statut plus élevé » s'avèrent plus susceptibles que leurs pairs de statut inférieur, de pratiquer le binge drinking. «Les étudiants considérés comme socialement puissants, consomment plus d'alcool», explique M. Hsu, professeur à la New York University, co-auteur de l'étude.
Binge drinking et épanouissement social : Cependant, lorsque les étudiants de statut socio-économique inférieur s'engagent dans le binge drinking, leur degré d'épanouissement social s'améliore jusqu'à atteindre le niveau « d'auto-satisfaction » de leurs camarades de classe de niveau socio-économique plus élevé, qu'ils soient buveurs excessifs ou non. Selon Hsu, la consommation excessive d'alcool aurait cet effet d'atténuer les effets du mal-être lié, parfois, à l'appartenance à un groupe plus défavorisé ou plus marginal.
Un moyen de « survivre » ? Quelle que soit le groupe socio-économique d'appartenance, le binge drinking semble associé, dans cette étude, à la satisfaction sociale mais ces effets apparaissent plus significatifs encore sur l'épanouissement des étudiants à faibles revenus, de sexe féminin ou appartenant à des minorités. Des étudiants souvent victimes de discrimination et qui se sentent exclus du campus. En conclusion, le binge drinking est devenu un moyen de s'intégrer, selon Hsu qui rapporte que certains étudiants définissent même la pratique comme un moyen logique de s'adapter, de vivre une vie meilleure à la fac, voire de survivre dans un environnement social hostile…
Le binge drinking, concluent les auteurs, n'est pas la solution aux problèmes sociaux. « Nous espérons que les universités sauront comprendre les motivations sociales et le mal-être qui sous-tendent les ivresses des étudiants ».
Source: American Sociological Association's 107th Annual Meeting Social Status, Binge Drinking, and Social Satisfaction among College Students (Visuel © arrakasta - Fotolia.com)
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