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BISPHÉNOL A : Des blocages de communication sur plusieurs générations

Actualité publiée il y a 6 années 6 mois 1 semaine
PLOS One
Un lien entre l’exposition au perturbateur et le risque d’autisme

Cette étude de l’Université du Missouri-Columbia ajoute encore aux effets délétères de l’exposition au bisphénol A (BPA) avec l’incidence de troubles de la communication et sur 3 générations. Cette démonstration effectuée chez l’animal et présentée dans la revue PLoS ONE suggère bien évidemment un lien entre l’exposition au perturbateur et le risque d’autisme.

 

Le bisphénol A est un produit chimique utilisé dans toute une variété de produits de consommation, tels que les bouteilles d'eau, les composites dentaires et les résines utilisés pour garnir les contenants d'aliments et de boissons en métal. Ces perturbateurs endocriniens affectent les voies régulatrices du cerveau imitant souvent la fonction des hormones naturelles, chez les animaux et les humains, en particulier au cours des étapes cruciales du développement.

Les études sur les risques associés à l’exposition au BPA, en particulier lors de ces fenêtres de vulnérabilité que sont la grossesse (in utero) et la petite enfance sont nombreuses, en particulier les recherches chez l’animal. De précédentes recherches ont ainsi déjà montré que les soins parentaux à leur progéniture peuvent être affectés lorsque les femelles et les mâles sont exposés au bisphénol A (BPA). Cette étude va plus loin, elle confirme ces effets négatifs et en rallonge le terme sur 3 générations. Ainsi ici, les chercheurs du Missouri montrent que des souris dont les grands-parents ont été exposés au BPA ont des comportements de communication (vocalisation) perturbés, les chercheurs y voient une pertinence importante pour les humains.

La souris est un bon modèle d’étude des comportements parentaux

 

Les vocalisations, un tout premier mode de communication : les rongeurs utilisent des « vocalisations » pour communiquer avec l'un ou les deux parents explique l’auteur principal, Cheryl Rosenfeld, professeur de sciences biomédicales : « L'exposition au BPA peut augmenter le risque de développer un trouble du spectre autistique chez l'enfant en affectant la première forme de communication du nourrisson et en entraînant des changements dans les modèles de vocalisations de l’enfant. Ainsi, l’analyse de ces vocalisations pourrait constituer le premier outil de diagnostic des troubles du spectre autistique (TSA) ». Les chercheurs ont donc regardé si l'exposition multigénérationnelle au BPA peut modifier les schémas de vocalisation de la progéniture.

 

De la souris à l’Homme ? La souris est un bon modèle d’étude des comportements parentaux parce qu'elle est monogame et, tout comme les humains, les partenaires mâle et femelle contribuent à l'éducation néonatale. Une capacité de soins affaiblie peut également avoir des conséquences néfastes sur la progéniture. Enfin, les similitudes des zones du cerveau et des hormones impliquées dans la régulation des comportements biparentaux permettent, écrivent les chercheurs dans un communiqué, de penser que cette étude a probablement des implications humaines.

 

 

Un déficit de communication sur 3 générations : des souris californiennes femelles et mâles sont ici exposées à 3 environnements :

  • avec BPA ;
  • avec éthinylestradiol, un autre perturbateur endocrinien ;
  • un environnement exempt de perturbateur endocrinien.

Puis la progéniture est placée dans un environnement exempt de perturbateur endocrinien dès le sevrage et tout au long de la vie ;

Enfin, les chercheurs analysent les modèles de vocalisation de la troisième génération de souris, non exposée au BPA ou à un autre perturbateur. L’équipe constate que :

  • la progéniture présente des réponses vocales augmentées, semblant indiquer la détresse. Ces habitudes de vocalisation suggèrent une perception et une réponse déformée aux soins parentaux, sans que les parents d’ailleurs n'adaptent ces soins parentaux en réponse à ces vocalisations déformées.

 

Les chercheurs suggèrent des déficits de la communication, avec des implications identiques possibles chez les humains, « comme on le voit chez les personnes atteintes d'autisme ou d'autres troubles neurocomportementaux ».


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