BISPHÉNOL A: Il déminéralise l'émail des dents des enfants
Le bisphénol A (BPA) soupçonné d’être à l’origine d’une pathologie dentaire fréquente chez les enfants de 6 à 8 ans, une déminéralisation de l’émail entraînant une hypersensibilité à la douleur et une vulnérabilité aux caries ? Les mêmes altérations sont constatées par une équipe de l’Inserm sur des incisives de rats traités avec de faibles doses journalières de BPA. Ces conclusions publiées dans l’American Journal of Pathology suggèrent que la dent pourrait être un marqueur précoce et apparent de l'exposition aux perturbateurs endocriniens.
Si le BPA est aujourd'hui interdit de biberons, il restera largement présent, jusqu'en juillet 2015 dans de nombreux contenants alimentaires, comme les canettes ou les boîtes de conserves ou encore dans le papier des tickets de caisse. De précédentes études ont largement montré la présence de BPA dans le sang, les urines, le liquide amniotique et le placenta humains.
Les chercheurs de l'Université Paris-Diderot et de l'Inserm ont analysé ces altérations et identifient de nombreuses caractéristiques communes avec une pathologie de l'émail des dents, appelée MIH (Molar Incisor Hypomineralization) qui affecte les premières molaires et incisives permanentes chez environ 18% des enfants de 6 à 8 ans. Une tranche d'âge qui correspond à celle où l'individu est le plus sensible aux effets du BPA.
Au 30è jour, l'émail exposé au BPA présente une hypo-minéralisation similaire à la MIH humaine : Dans cette étude, les chercheurs montrent que les incisives de rats traités avec de faibles doses journalières (5 microgrammes/kg/jour) de BPA peuvent se trouver altérées durant la fenêtre post-natale de sensibilité à l'exposition au BPA. Des taches apparaissent, l'émail se fragilise et se fracture. L'analyse révèle également une baisse de densité minérale qui explique cette fragilité. Car l'émail est composé à 96 % de matière minérale, responsable non seulement de sa force, mais aussi de sa friabilité. Dans l'étude, cet effet d'hypo-minéralisation apparaît lié à la dysfonction de 2 gènes clés de l'émail dentaire après exposition au BPA. Les chercheurs suggèrent donc que les mêmes effets, chez l'Homme, pourrait expliquer le MIH.
La dent marqueur précoce d'exposition aux perturbateurs endocriniens : C'est donc la première étude à présenter le BPA comme facteur possible de MIH. Et comme ces altérations de l'émail humain sont irréversibles, la dent, atteinte par la MIH pourrait être considérée comme un marqueur facilement accessible pour signaler une exposition précoce aux perturbateurs endocriniens.
Source: Communiqué Inserm et American Journal of Pathology doi.org/10.1016/j.ajpath.2013.04.004 online 10 June 2013 Enamel Defects Reflect Perinatal Exposure to Bisphenol A (Visuel© tan4ikk - Fotolia.com)
Autres actualités sur le même thème
-
PHTALATES: Exposition in utero, troubles de la reproduction et lésions mammaires
Actualité publiée il y a 12 années 10 moisDes fœtus de souris femelles exposés à des doses très élevées de phtalates présentent d’importantes altérations de leur système reproducteur et développent des... -
BISPHÉNOL A: Première reconstitution du mode de liaison BPA-récepteur
Actualité publiée il y a 12 années 3 moisCes chercheurs de L’Inserm sont parvenus à décrire pour la première fois le mode d'action de ce composé à l'échelle moléculaire et présentent, dans les Actes... -
GROSSESSE: Frites, chips et acrylamide pour la mère, faible poids de naissance pour l'enfant
Actualité publiée il y a 12 années 2 mois -
BACTÉRIES: Le biofilm menace aussi à la cuisine
Actualité publiée il y a 12 années 6 moisLe lave-vaisselle, quand on en a un, serait largement préférable à la vaisselle à la main, explique cet article anecdotique du site theatlantic.com. En cause...