BRÛLURES SUPERFICIELLES : Quelle prise en charge?
Après les premiers gestes, une prise en charge adaptée doit être rapidement mise en œuvre pour éviter toute complication quasiment toujours liée à une mauvaise prise en charge initiale. Or les recommandations de prise en charge évoluent avec l’apparition de nouveaux dispositifs de pansement, testés dans des études cliniques plus récentes.
Ne pas abuser du "tulle gras - flammazine"
Il n'y a pas dans la littérature médicale de grandes études sur la prise en charge locale des brûlures cutanées portant sur la comparaison de pansements. 2 méta-analyses récentes, publiées par la Cochrane Library, apportent cependant un éclairage nouveau:
(1) Wasiak J et al. (2013) « Pansements pour les brûlures superficielles et du 2nd degré »: Cette méta-analyse de 30 essais contrôlés-randomisés, d'ailleurs considérés de mauvaise qualité, suggère que les brûlures superficielles et du second degré cicatrisent plus rapidement avec des pansements de nylon recouvert de silicium, contenant de l'argent et des pansements biosynthétiques qu'avec une crème de sulfadiazine d'argent. Les pansements à base d'hydrogel favorisent une guérison plus rapide.
(2) Barajas-Nava LA et al (2013) « Prophylaxie antibiotique pour prévenir l'infection des plaies des brûlures: Cette méta-analyse de 36 études (dont 26 sur topiques locaux) montre non seulement que le bénéfice des antibiotiques n'est pas clairement établi et que la sulfadiazine d'argent appliquée directement sur la brûlure augmente réellement le taux d'infections de 8 % à 80 %.
Les recommandations de la Société française d'étude et du traitement des brûlures (SFETB)
La SFETB a publié en 2005 un référentiel afin de guider le traitement des brûlures superficielles, suivies en consultation externe ou en ville. Celui-ci vient compléter des recommandations de la SFETB de 1992 sur la prise en charge des brûlures en consultation.
Les produits utilisables
· Catégorie A : les pommades et crèmes sans antibactériens : elles calment et favorisent la cicatrisation.
· Catégorie B : les pansements membranes sans antibactériens : ils couvrent la brûlure, la protègent, absorbent éventuellement les exsudats et maintiennent un milieu humide favorable à la cicatrisation.
· Catégorie C : les interfaces sans antibactériens : ils doivent être associés à un pansement secondaire absorbant (compresses) et à des moyens de contention. Ils évitent la macération et drainent les exsudats.
· Catégorie D : les pansements avec produit antibactérien : ils ont une action préventive et éventuellement curative sur l'infection des brûlures.
Principales recommandations
· Toute brûlure du 2ème ou du 3ème degré doit être médicalement surveillée à la recherche de signes d'infection.
· Toute brûlure qui après 10 jours d'évolution ne présente pas de signes patents de cicatrisation doit être évaluée par un brûlologue.
· Une brûlure du 1er degré (rougeur cutanée sans phlyctène) peut être soignée avec un pansement catégorie A (pommade ou crème non antiseptique).
· Une brûlure du 2ème degré (après excision éventuelle des phlyctènes), si superficielle et à priori « propre », avec un pansement de catégorie B, C, ou D si doute sur l'hygiène, si brûlures étendues, si zones très algiques, jamais avec un pansement de catégorie A.
· Une brûlure profonde ou superficielle à priori contaminée ou infectée, TOUJOURS avec un pansement de catégorie D.
· Une brûlure du 3ème degré justifie toujours d'un avis spécialisé pour traitement chirurgical.
Les nouveaux pansements hydrogels
Avec un peu de recul, entre des recommandations qui datent au mieux de 2005 et les méta-analyses très récentes remettant en cause de vieilles habitudes de soins - en partie portées par les recommandations de 2005 - il est temps aujourd'hui, de considérer de nouvelles options thérapeutiques.
En effet, de nouveaux pansements hydrogels en plaque, constitués à plus de 50% d'eau, de catégorie B selon leurs propriétés, réservés aux brûlures propres du 2ème degré superficiel (voir ci-dessus) apportent une nouvelle option thérapeutique pour d'autres types de brûlures :
- Brûlures du 1er degré douloureuses : Effet antalgique ET hydratant
- Brûlures du 2ème degré superficiel en zones algiques (paume des mains, plantes des pieds)
En l'absence d'études complémentaires, la place de ces nouveaux pansements dans la prise en charge des brûlures profondes ne peut être envisagée.
Newsletter Plaies et Cicatrisation, réalisée en partenariat avec Paul Hartmann
Auteur: Dr. Jean Sende, Médecin urgentiste - Service des Urgences - Hôpital privé Armand Brillard (94130 Nogent-sur-Marne)
Biblio :
(1) The Cochrane Library 28 MAR 2013 DOI: 10.1002/14651858.CD002106.pub4 Dressings for superficial and partial thickness burns
(2) The Cochrane Library 6 JUN 2013 DOI: 10.1002/14651858.CD008738.pub2 Antibiotic prophylaxis for preventing burn wound infection
(3) SFETB
Autres actualités sur le même thème
-
CICATRISATION : Des cellules souches dynamiques ont une signature génétique
Actualité publiée il y a 7 années 8 moisLorsque la barrière de la peau est rompue, par une blessure ou une lésion, c’est toute une cascade d'événements cellulaires et moléculaires qui se déclenche... -
CICATRISATION : La molécule qui circonscrit la lésion
Actualité publiée il y a 5 années 1 mois -
SOIN des PLAIES: Le plastique magique qui réduit les changements de pansements
Actualité publiée il y a 8 années 5 mois -
CICATRISATION: Le secret du collagène et du remodelage tissulaire
Actualité publiée il y a 8 années 3 mois