CANCER de la PROSTATE : Pour un dépistage ciblé en fonction du risque du patient
Cette analyse des données de la plus grande étude mondiale réalisée sur le dépistage du cancer de la prostate apporte de nouvelles preuves en faveur de la mise en œuvre d'un programme de dépistage ciblé de la maladie. Cet étude randomisée, présentée lors du Congrès annuel EAU22 de l’Association européenne d'urologie révèle en particulier que les hommes qui bénéficient, de manière ciblée, de ce dépistage, « restent » plus longtemps au stade précoce sans progression, une étape au cours de laquelle la qualité de vie n’est pas ou peu altérée.
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Le dépistage du cancer de la prostate n'est la norme que dans quelques pays en Europe (Lituanie et certaines parties de la Suède). Dans la plupart des autres pays, ce dépistage n’est pas systématique, notamment en raison des risques de surdiagnostic et de surtraitement.
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En 2009, l'étude européenne sur le dépistage du cancer de la prostate (ERSPC) avait déjà montré que le dépistage peut réduire la mortalité par cancer de la prostate de 20 à 35 %. Mais les diagnostics plus précoces et plus fréquents que permet le dépistage signifient également que les hommes vivent plus longtemps avec leur cancer donc avec une anxiété qui obère fortement leur qualité de vie.
Vivre plus longtemps avec un diagnostic de cancer …
Cette nouvelle analyse révèle que ces hommes qui subissent un dépistage passent plus de temps au stade précoce de la maladie sans progression. Cependant, si la maladie métastase, le nombre d'années passées au stade métastatique est similaire dans les deux groupes (dépistage précoce ciblé et dépistage prescrit à la suite de symptômes).
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L’équipe de l'Erasmus MC Cancer Institute de l’Université de Rotterdam analyse ici les données de 43000 participants à la cohorte néerlandaise ERSPC (European Randomized Study of Screening for Prostate Cancer). Les chercheurs ont regardé précisément combien de temps s’est écoulé avant que les participants voient leur cancer de la prostate évoluer vers différents stades de la maladie après le diagnostic. L’analyse révèle que :
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- les hommes chez qui la maladie est détectée grâce à un programme de dépistage restent en moyenne un an de plus sans progression ;
- chez les hommes où la maladie a progressé, si elle devient métastatique, c'est en moyenne deux ans et demi plus tard chez les hommes qui ont bénéficié du dépistage, par rapport à ceux dont le cancer a été détecté hors programme de dépistage.
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La question subsiste de l’impact du diagnostic sur la qualité de vie.  « Personne ne veut être confronté à un diagnostic de cancer, et le dépistage signifie que plus d'hommes savent qu'ils ont un cancer de la prostate. Vivre plus longtemps en sachant qu’on a un cancer n’est pas toujours bénéfique. En revanche, dans de nombreux cas, le diagnostic précoce permet de mieux traiter et éventuellement de retarder la progression du cancer, voire éviter certains dommages.
Cela fait pencher la balance en faveur de programmes organisés de dépistage individualisé. »
Les progrès changent la donne : les avancées à la fois dans le diagnostic et le traitement du cancer de la prostate ont modifié l'équilibre entre les risques et les avantages du dépistage, a fortiori ciblé, de la maladie. Si, dans le passé, le diagnostic impliquait automatiquement un traitement radical, comme la chirurgie ou la radiothérapie, avec des effets secondaires, aujourd’hui d’autres options, dont la surveillance active, peuvent favoriser un impact plus limité sur la qualité de vie. Alors que le dépistage réduit la mortalité et les métastases, et donne aux patients plus d'années aux premiers stades de la maladie, le dépistage doit être considéré comme une alternative parfois bénéfique.
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Ainsi, l’Association européenne d'urologie appelle à inscrire le dépistage personnalisé du cancer de la prostate dans le nouveau plan de l'Union européenne " Vaincre le cancer ".
« L’approche pour le dépistage du cancer de la prostate doit être basée sur le risque ».
« L'approche systématique et personnalisée du dépistage préconisée par les experts de l’EAU pourrait réduire considérablement les risques de surdiagnostic ou de surtraitement des cancers peu agressifs et, en même temps, préserver la meilleure qualité de vie possible pour les patients atteints d'un cancer plus agressif".
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