CANCER du POUMON : L'expliquer chez les non-fumeurs
10 à 20 % des personnes qui développent un cancer du poumon n'ont jamais fumé. Cette étude du du National Cancer Institute (NCI/NIH) permet de mieux comprendre pourquoi ces personnes jamais fumeuses développent ce type de cancer. Cette étude génomique menée chez des participants sans antécédents, publiée dans la revue Nature Genetics, révèle que la majorité de ces tumeurs résultent de l'accumulation de mutations causées par des processus naturels dans le corps. L’étude décrit également, pour la première fois 3 sous-types moléculaires de cancer du poumon chez ces personnes n'ayant jamais fumé.
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Les auteurs rappellent que le cancer du poumon est la principale cause de décès par cancer dans le monde. Chaque année, plus de 2 millions de personnes dans le monde sont diagnostiquées avec la maladie. La plupart des patients diagnostiqués ont des antécédents de tabagisme, mais 10 à 20 % n'ont jamais fumé. Le cancer du poumon chez ces jamais-fumeurs survient plus fréquemment chez les femmes et à un âge plus précoce que chez les fumeurs.
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Les facteurs de risque environnementaux, tels que l'exposition à la fumée secondaire du tabac, à la pollution de l'air et à l'amiante, ou encore les antécédents de maladies pulmonaires peuvent expliquer une partie de ces cancers du poumon chez les non-fumeurs, mais pas tous…
3 grands sous-types de cancer du poumon chez les personnes n'ayant jamais fumé
Cette analyse génomique va aider à mieux comprendre la cancérogenèse du cancer du poumon en cas d’absence d’antécédents de tabagisme et guider le développement de nouvelles thérapies mieux personnalisées pour ce type de patients. L’analyse montre que, chez les personnes n’ayant jamais fumé, il existe des caractéristiques moléculaires et des processus évolutifs distincts, explique le Dr Maria Teresa Landi, épidémiologiste des cancers au NCI.
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Différents traitements pour différents sous-types : les chercheurs utilisent le séquençage du génome entier pour caractériser les modifications génomiques du tissu tumoral et comparent les tissus sains de 232 personnes n'ayant jamais fumé, diagnostiquées avec un cancer du poumon non à petites cellules. Ces tumeurs comprenaient 189 adénocarcinomes (le type de cancer du poumon le plus courant), 36 carcinoïdes et 7 autres types de tumeurs. Les patients étaient encore naïfs de traitement.
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Des signatures mutationnelles, associées à des processus spécifiques, comme une anomalie naturelle de réparation de l'ADN ou un stress oxydatif ou encore une exposition à des agents cancérigènes ont été identifiées et apportent des indices sur ce qui a causé le développement du cancer. Les chercheurs ont pu ainsi développer un catalogue de signatures mutationnelles :
- chez les patients non et jamais fumeurs, la majorité de ces signatures mutationnelles s’avèrent associées à des dommages causés par des processus endogènes, c'est-à -dire des processus naturels qui se sont produits à l'intérieur du corps ;
- chez les patients non et jamais fumeurs, aucune signature mutationnelle précédemment associée à une exposition directe au tabagisme n’a été identifiée ;
- chez 62 participants exposés à la fumée secondaire du tabac, cette signature mutationnelle d’exposition au tabac n’a pas non plus été identifiée.
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3 nouveaux sous-types de cancer du poumon chez les non-fumeurs sont caractérisés, auxquels les chercheurs ont attribué des noms en fonction du niveau de « bruit » c'est-à -dire le nombre de changements génomiques identifiés dans les tumeurs :
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- le sous-type prédominant « piano » présente le moins de mutations et semble être associé à l'activation de cellules progénitrices, impliquées dans la création de nouvelles cellules. Ce sous-type de tumeur se développe extrêmement lentement, sur de nombreuses années, et est difficile à traiter car il peut présenter de nombreuses mutations motrices différentes ;
- le sous-type « mezzo-forte » présente des modifications chromosomiques spécifiques ainsi que des mutations dans le gène du récepteur du facteur de croissance EGFR, un gène couramment altéré dans le cancer du poumon. Ce sous-type suit une croissance tumorale plus rapide ;
- enfin, le sous-type « forte » est caractérisé par un changement génomique souvent observé dans les cancers du poumon chez les fumeurs. Ce sous-type de tumeur se développe également rapidement.
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« Nous commençons à distinguer des sous-types qui pourraient bénéficier d’approches différentes pour la prévention et le traitement », commente l’un des auteurs, le Dr. Landi. Par exemple, le type « piano » à croissance lente laisse aux cliniciens une fenêtre d'opportunité pour détecter ces tumeurs plus tôt lorsqu'elles sont moins difficiles à traiter. En revanche, les sous-types mezzo-forte et forte ne présentent que quelques mutations motrices majeures, ce qui suggère que ces tumeurs pourraient être identifiées par une seule biopsie et pourraient bénéficier de traitements ciblés.
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Cette première recherche va être suivie d’études plus larges prenant en compte des données encore plus détaillées, en particulier sur l’exposition au tabagisme passif.
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