CANCER du SEIN : Des rôles contraires de l’aspirine
L'aspirine peut aider certaines patientes atteintes de cancer du sein, mais des modifications de l'ADN peuvent induire d'autres effets chez d’autres patientes : ainsi, certains changements chimiques dans l'ADN (méthylation) dans les tumeurs du cancer du sang et du sein peuvent modifier l’effet de l'aspirine sur le risque de décès, conclut cette étude de l’University of North Carolina at Chapel Hill. Ces nouvelles données, présentées dans la revue Cancer de l'American Cancer Society, doivent inciter les patientes atteintes de ces cancers à la prudence quant à la prise d’aspirine.
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Les précédentes études ont plutôt documenté l’effet de prolongation de la survie chez des patientes ayant reçu un diagnostic de cancer du sein et qui utilisent de l'aspirine. Cet effet bénéfique est attribué aux effets anti-inflammatoires du médicament. Cependant, une partie des utilisatrices d'aspirine atteintes d'un cancer du sein semble, également, présenter un risque plus élevé de mortalité par cancer du sein. Cette nouvelle étude de l’Université de Caroline du Nord contribue à expliquer ces effets inverses.
La méthylation de certains gènes explique les effets inverses possibles de l’aspirine
La méthylation est une modification chimique dans laquelle un groupe méthyle agit comme un interrupteur de la molécule d'ADN, activant ou désactivant certaines activités du gène. De telles modifications chimiques dans les zones de l'ADN responsables de la mort cellulaire, des dommages et de la réparation cellulaires sont déjà connues comme contribuant au développement du cancer au fil du temps. Identifier les sites précis où se produisent ces modifications épigénétiques peut à la fois permettre de mieux prévoir le pronostic et de personnaliser les traitements de manière à les rendre plus efficaces.
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La méthylation de l'ADN dans les tissus et cellules tumoraux du sein circulant dans le sang des patientes détermine donc aussi l’effet de l'aspirine :
-le rôle anti-inflammatoire de l’aspirine contre ce facteur clé de développement de plusieurs types de cancer, l’inflammation chronique, n’est pas contesté, explique l’auteur principal, Tengteng Wang, doctorante au département d'épidémiologie de la Gillings School : « L'aspirine est un médicament qui possède des propriétés anti-inflammatoires. De ce fait, des preuves substantielles d'études de laboratoire et chez l'Homme suggèrent que la prise d'aspirine peut réduire le risque de cancer du sein ».
-cependant, des modification épigénétiques du gène BRCA1 peuvent inverser cet effet.
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Le rôle déterminant d’un « promoteur tumoral » méthylé du gène BRCA1 : l’équipe a analysé les données de 1.266 femmes atteintes du cancer du sein, suivies pour leur durée de survie.
- La mortalité toutes causes confondues après diagnostic de cancer du sein s’avère de 67% plus élevée chez les patientes ayant utilisé de l’aspirine au moins 1 fois par semaine pendant 6 semaines avant le diagnostic et porteuses d’un « promoteur tumoral » méthylé du gène 1 du cancer du sein : BRCA1 ;
- La mortalité spécifiquement liée au cancer du sein est réduite en revanche de 22 à 40% chez les utilisatrices d'aspirine dotées d'un promoteur tumoral non méthylé des gènes BRCA1 et du récepteur de la progestérone (PR), ainsi que chez les patientes présentant une hyperméthylation globale.
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Ces résultats suggèrent de réelles différences dans les effets de l'aspirine en fonction de ces différents profils de méthylation de l'ADN du tissu tumoral et dans l'ADN du sang périphérique. Ainsi, les chercheurs jugent nécessaire d’explorer plus avant l’impact potentiel (positif ou négatif) de l’aspirine sur les patientes atteintes d’un cancer du sein, en fonction de ces profils de méthylation. Dans certains cas l’aspirine pourrait être utilisée avec bénéfice, mais à condition de cibler les bons groupes de patientes.
Des recherches futures sur un échantillon plus important de patientes et un panel élargi de gènes, devraient donc permettre de préciser les schémas d'utilisation de l'aspirine en cas de cancer du sein.
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