CANCER en UE: Un fardeau économique de 124 milliards d'euros
Deux nouvelles études révèlent l’ampleur des coûts économiques et humains liés aux soins des patients atteints de cancer en Europe, soit 124 milliards d’euros chaque année. La seconde étude met en évidence le fardeau et les coûts de santé liés aux aidants naturels eux-mêmes, deux fois plus vulnérables, que les non-aidants à certaines pathologies, dont la dépression, l’anxiété ou l’insomnie. Ces données présentées lors du Congrès 2012 de l'European Society for Medical Oncology (ESMO) à Vienne, apportent pour la première fois, une base de prise de décisions de financement.
«Nous avons ici deux études d'une importance énorme », commente le professeur Peter Boyle, président de l'Institut de recherche international sur la prévention à Lyon, membre du groupe ESMO sur la prévention du cancer « Ce sont des informations uniques et clé sur l'impact du cancer sur les soignants ».
Le rapport du Dr Luengo-Fernandez et ses collègues de l'Université d'Oxford, Royaume-Uni fait apparaître ainsi un coût total 124 milliards d'euros chaque année, avec les coûts les plus élevés en Allemagne. Le cancer du poumon est responsable du poste de coûts de santé le plus important. Dans ce bilan, les auteurs ont inclus les coûts de santé directs tels que les soins de santé primaires, les soins hospitaliers et les médicaments, ainsi que le coût des soins de suite et des pertes de productivité. Leurs données proviennent d'un grand nombre de sources, dont l'OMS, l'OCDE et les ministères de la santé européens.
Un coût par an et par habitant de 32 à 165 euros : Le cancer constitue un fardeau économique considérable, non seulement pour les systèmes de santé, mais pour d'autres secteurs de l'économie, avec les pertes de productivité liées aux absences maladie et à la mortalité précoce, le renoncement au travail et aux loisirs des proches qui doivent s'occuper de parents atteints de cancer. Ainsi, lorsque les chercheurs ramènent les coûts par pays et par type de cancer, le coût de soins de santé le plus faible par habitant s'élève à 32 euros par an en Lituanie, le plus élevé à 165 euros par an, en Allemagne. Les coûts les plus élevés par habitant sont plutôt constatés dans les pays du Nord et d'Europe centrale. Les coûts les plus faibles sont plutôt ceux des États membres qui ont rejoint l'UE en 2004 et ont un faible niveau de revenu national. Ainsi, en France, le coût s'élève à 91 € par Français et par an.
Cancers du sein et du poumon, les deux cancers les plus coûteux : Le cancer du sein entraîne les coûts les plus élevés avec 6 milliards d'euros par an, soit 13% du total des coûts de soins de santé liés au cancer dans l'Union européenne. Cependant, le fardeau économique total le plus lourd est attribuable au cancer du poumon, avec un total de 19 milliards d'euros, dont 10 milliards liés à la mortalité prématurée.
Ces données vont permettre de prioriser les investissements par type de cancer et en particulier d'orienter la recherche. « Pour prendre les bonnes décisions en matière de politique de Santé publique, il faut préalablement avoir toutes les données, épidémiologiques, d'affectation des ressources et de coûts unitaires dans toute l'UE », précise l'auteur. Ces données vont également permettre de resituer les coûts du cancer en rapport avec les autres maladies. A titre d'exemple, les 6 milliards d'euros pour le cancer du sein doivent être replacés en regard du coût économique de la pneumonie dans l'UE soit 10 milliards d'euros par an, indique le Pr. Boyle.
Les aidants sont des patients en puissance, confirme la seconde analyse, menée par le Dr Isabelle Gilloteau de Bristol-Myers Squibb et ses collègues à partir des données de santé 2010 et 2011 d'enquêtes nationales en ligne auto-administrées menées auprès de 105.581 adultes en France, Allemagne, Italie, Espagne et Royaume-Uni. S'occuper d'une personne atteinte de cancer est associé à toute une variété de troubles, confirme l'analyse : Les déclarants aidant avouent un état de bonne santé physique moindre (47,6 vs 48,9), de bonne santé mentale moindre (43,7 vs 46,9), sont plus susceptibles de s'absenter du travail (8,1 vs 4,8), ont plus de difficultés dans leurs activités (28,7 vs 21,8), et ont connu 2 fois plus d'hospitalisations au cours des 6 derniers mois (0,22 vs 0,11). L'analyse indique que les aidants sont 50% plus susceptibles d'être diagnostiqués avec la dépression, l'anxiété et de l'insomnie, ou de souffrir de migraines (OR : 1,66), de maux de tête (OR : 1,37), ou de troubles gastro-intestinaux (OR : 1,63), comparativement aux non-aidants.
Réduire le fardeau, répondre à leur besoins : Alors que le rôle essentiel joué par les aidants naturels dans le soutien des patients cancéreux est reconnu, l'impact économique sur ces soignants est encore mal compris et peu pris en compte. L'estimation de l'impact financier lié aux aidants naturels sur les coûts de santé liés au cancer est donc une étape essentielle, tout comme la reconnaissance de leurs besoins non satisfaits. Il s'agit de reconnaître le fardeau des aidants, souligne l'auteur, et pas seulement en raison des implications directes sur le bien-être et la qualité des soins du patient, mais aussi en raison de la charge directe sur la société en général. Il est crucial d'examiner ce qui peut être fait pour réduire ce fardeau, en particulier dans le contexte actuel de confinement, combiné avec une population vieillissante et une incidence accrue du cancer, conclut le Dr Isabelle Gilloteau.
Source: Communiqué ESMO European Society for Medical Oncology The true costs of cancer in Europe revealed et Annals of Oncology
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