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CANNABIS : Le cannabidiol pour réduire l'agressivité

Actualité publiée il y a 5 années 3 mois 3 semaines
Progress in Neuro-Psychopharmacology and Biological Psychiatry
Le cannabidiol n’entraîne pas de dépendance et n'a pas d'effets psychotomimétiques, au contraire du tétrahydrocannabinol (THC)

Le cannabidiol réduit l'agressivité, conclut cette étude de la Fondation Fundação de Amparo à Pesquisa do Estado de São Paulo, menée chez l’animal. En particulier, la substance permet de réduire l’agressivité induite par l’isolement social. Des travaux présentés dans la revue Progress in Neuro-Psychopharmacology and Biological Psychiatry qui décryptent les processus biologiques en cause dans cet effet anti-agressivité et révèlent qu’il pourrait être possible de l’annuler ou l’atténuer.

 

Le cannabidiol n’entraîne pas de dépendance et n'a pas d'effets psychotomimétiques, au contraire du tétrahydrocannabinol (THC), l’autre agent actif du cannabis responsable de ces effets. Le cannabidiol est de plus en plus étudié dans différents contextes, se révèle bénéfique dans la prise en charge de plusieurs maladies, mais n’a été l’objet que de très peu de recherches sur ses effets anti-agressivité.

L'agression induite par l'isolement est un modèle comportemental classique utilisé dans les études et on sait qu’elle peut être atténuée par l'administration d'anxiolytiques, d'antidépresseurs ou d'antipsychotiques.

A une certaine dose, le cannabidiol réduit l’agressivité

Ces scientifiques brésiliens montrent chez la souris que le cannabidiol atténue le comportement agressif induit par l'isolement : « le cannabidiol peut inhiber l'agressivité en facilitant l'activation de deux récepteurs : le récepteur 5-HT1A, responsable des effets du neurotransmetteur sérotonine, et du récepteur CB1, responsable des effets des endocannabinoïdes », résume l’auteur principal, Francisco Silveira Guimarães, professeur à l’université et responsable de l'étude.

 

Un effet anti-agressivité mais à la « bonne » dose : les chercheurs utilisent ici le test « résident-intrus », qui induit une agressivité chez un animal isolé pendant plusieurs jours. Pour déterminer si le cannabidiol peut modifier l’agressivité induite du résident, les chercheurs injectent à 4 groupes de 6 à 8 souris mâles des doses différentes de cannabidiol, le 5è groupe étant témoin. Les souris de ce groupe témoin présentent un comportement classique résident-intrus. Mais, dans les autres groupes, les premières attaques d'intrus par des résidents se produisent 2 minutes après leur confrontation en moyenne. Entre 20 et 25 attaques sont alors enregistrées par cage. L’expérience montre que :

  • dans le premier groupe de souris résidentes ayant reçu une dose de cannabidiol équivalente à 5 milligrammes par kilo (mg / kg), les attaques commencent 4 minutes après l'entrée des intrus dans la cage, soit le double du temps mis par les souris témoins ; le nombre d'attaques est également réduit de moitié ;
  • dans le deuxième groupe ayant reçu 15 mg / kg, le comportement des souris est moins agressif que dans les autres groupes. Les attaques commencent en moyenne 11 minutes après l'arrivée de l'intrus ; le nombre d'attaques en moyenne est d'environ 5 par cage ;
  • dans les 3è et 4è groupes ayant reçu respectivement 30 mg / kg et 60 mg / kg, les doses plus élevées n’ont pas entraîné une inhibition plus intense de l’agressivité. Les attaques ont même commencé plus tôt et le nombre d’attaques est légèrement augmenté.

 

Cette réduction de l'effet du cannabidiol à des doses plus élevées était attendue : dans de précédentes études portant sur le potentiel antidépresseur du cannabidiol, des doses plus élevées avaient entraîné des effets réduits après un progrès initial.

 

La voie du récepteur de de la sérotonine 5-HT1A : le cannabidiol facilite l’activation du récepteur de la sérotonine 5-HT1A. Les chercheurs ont donc répété le test résident-intrus dans une deuxième série d’expériences, mais en administrant aux souris différentes doses de l’antagoniste des récepteurs 5-HT1A : WAY100635. L’objectif était de déterminer si l'effet anti-agressivité du cannabidiol pouvait être annulé ou atténué avec cet antagoniste. C’est effectivement le cas, avec un retour à un délai de réaction plus court et à un nombre d’attaques plus élevé.

 

La voie des des récepteurs CB1 : le cannabidiol inhibe également une enzyme qui métabolise l'endocannabinoïde anandamide. Les endocannabinoïdes sont des neurotransmetteurs produits dans tout le système nerveux central, y compris le cerveau. L'anandamide se lie aux récepteurs aux cannabinoïdes de type 1 (CB1), également activés par le THC, principal cannabinoïde psychoactif de la marijuana. Un test « résident-intrus » mené avec un antagoniste des récepteurs CB1 associé au cannabidiol entraîne l’annulation de l’effet anti-agressivité du cannabidiol.

 

Prises ensemble ces données suggèrent que le cannabidiol atténue les effets de l'agressivité associée à l’isolement via un mécanisme associé à l'activation des récepteurs 5-HT1A et des récepteurs CB1. Ces effets anti-agressivité peuvent donc être inhibés par le blocage de l’une ou l’autre de ces 2 voies.


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