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CICATRISATION: La piste des souris africaines pour réparer la peau humaine

Actualité publiée il y a 12 années 1 mois 1 semaine
Nature

La cicatrisation spontanée chez la souris épineuse africaine (Acomys cahirus), capable de régénérer leur peau, qui se déchire facilement pour échapper aux prédateurs, apporte des indices pour la réparation et la cicatrisation de la peau humaine, une capacité très limitée chez la plupart des mammifères. Cette recherche, publiée dans l’édition du 26 septembre de la revue Science, apporte une compréhension nouvelle des processus biologiques de cicatrisation et pourrait conduire à de nouveaux traitements pour les lésions de la peau et les brûlures chez l'homme.

Les chercheurs des universités de Floride, du Wyoming et de Nairobi ont piégé un certain nombre de ces souris dans le centre du Kenya et les ont étudiées en laboratoire. Ils constatent alors que ces souris ont la peau qui se déchire facilement mais sont capables de régénérer la peau perdue, avec en plus, repousse normale des poils et absence de cicatrice. Certains animaux sont en effet capables de perdre des morceaux de tissu ou des membres entiers afin d'échapper aux prédateurs. Le tissu perdu est soit régénéré (comme chez le lézard) ou définitivement perdu avec formation d'une cicatrice scellant la plaie (la plupart des mammifères). Pour voir si les souris épineuses africaines présentaient la même capacité, les chercheurs ont effectué des trous de 4 mm dans les oreilles des souris et ont suivi la régénération des différents types de tissus.


Les chercheurs constatent d'abord dans la littérature que les souris épineuses africaines subissent souvent l'arrachement de la peau du dos, ce qui entraîne de grandes plaies ouvertes conduisant à la perte de près de 60% de la peau du dos. Les chercheurs constatent que ces blessures guérissent rapidement, que les poils de la souris repoussent recouvrant complètement la plaie.

Un nouvel équilibre entre cicatrisation et régénération : Le processus de cicatrisation commence par la formation rapide d'une croûte qui met fin au saignement. De nouvelles cellules épithéliales puis des follicules pileux se développent sur le dessus de la plaie au bout de 3 jours, bien plus rapidement que chez d'autres mammifères. En outre, comme on le voit chez d'autres rongeurs, la plaie se referme par contraction. A 17 jours, 95% de la fermeture de la plaie liée à la contraction du tissu. Le processus est donc différent de celui d'autres espèces, chez lesquelles, en cas de plaie ouverte, une bande épaisse de collagène se développe sur la plaie pour la sceller et protéger le corps contre l'infection, ce qui entraîne la formation d'une cicatrice. Parce que la peau de la souris guéri très vite, moins de collagène est déposé, la cicatrice est très réduite. Dans le cas du tissu de l'oreille, c'est une nouvelle peau, avec des follicules pileux, des cellules graisseuses, des muscles et du cartilage qui se forme, sans former de cicatrices. Ici, des preuves suggèrent que la régénération des tissus est due à la formation d'un blastème, un groupe de cellules responsables de la repousse des membres perdus chez le lézard.

De futures application en cicatrisation et en médecine régénérative : Leur étude, bien qu'à stade très précoce, remet en question des idées reçues sur le processus de cicatrisation des plaies et de régénération chez les mammifères, dont chez l'Homme, avec la découverte d'un nouvel équilibre entre cicatrisation et régénération des tissus dans la fermeture des plaies et avec la possibilité d'optimiser la capacité de régénération. Une fois les voies moléculaires qui sous-tendent les processus de cicatrisation bien comprises, les chercheurs pourront étudier comment elles peuvent être appliquées à la cicatrisation et à la médecine régénérative chez l'Homme.

Source: Nature doi:10.1038/nature11499 online September 26 2012 Skin shedding and tissue regeneration in African spiny mice


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