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CICATRISATION : Un processus biologique qui pourrait repousser le sida

Actualité publiée il y a 4 années 11 mois 2 semaines
Nature Communications
Le processus de cicatrisation des plaies et les capacités sous-jacentes qui permettent de préserver ou de réparer l'intégrité des tissus, notamment au début de l'infection, pourraient être bien "utiles" pour prévenir l'inflammation sous-jacente à l'épuisement immunitaire

Le processus de cicatrisation des plaies et les capacités sous-jacentes qui permettent de préserver ou de réparer l'intégrité des tissus, notamment au début de l'infection, pourraient être bien "utiles" pour prévenir l'inflammation sous-jacente à l'épuisement immunitaire et contribuer à repousser le développement du sida. C’est la découverte de cette équipe de l’Université de Washington qui voit dans ces événements biologiques, impliqués dans la cicatrisation, un environnement protecteur contre l’infection à VIH. Des travaux présentés dans la revue Nature Communications qui suggèrent que certaines composantes de cette réponse immunitaire cicatrisante pourraient constituer des cibles en puissance pour la mise au point de nouveaux traitements visant à prévenir le sida chez les personnes séropositives.

 

Si les études sur le VIH sont moins nombreuses, sans doute en raison des traitements efficaces à gérer le virus, il reste une menace mondiale majeure pour la santé. Environ 37,9 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH et chaque année, environ 770.000 personnes meurent du sida. À ce jour, il n’existe pas de vaccins contre le VIH ni de traitement radical contre l’infection.

Par ailleurs, des études récentes ont montré que des lésions dans les muqueuses au cours d'une infection précoce par le virus de l'immunodéficience simienne (SIV) protégeaient certaines espèces de primates. La recherche a examiné pourquoi certaines espèces peuvent être porteuses du virus tout au long de leur vie tout en évitant la progression de la maladie. Alors que le SIV est étroitement lié au virus de l'immunodéficience humaine, c’est un bon modèle pour l’étude en laboratoire de nouveaux traitements.

Le processus de cicatrisation des muqueuses livre de nouvelles cibles anti-sida

Les chercheurs rappellent que le VIH et le SIV infectent des cellules immunitaires appelées cellules T auxiliaires (Visuel). Ces cellules sont abondantes dans l'intestin et dans des tissus spécialisés ailleurs dans le corps. L'infection par le VIH provoque une réponse immunitaire qui endommage les tissus entourant l'intestin. Cette lésion permet aux bactéries qui résident normalement dans l'intestin de pénétrer dans les tissus et d'envahir d'autres sites dans le corps. Cela provoque une inflammation supplémentaire et des dommages collatéraux. Cette situation attire ensuite davantage de cellules immunitaires, dont certaines sont infectées par le VIH. D'autres passent par un programme de mort cellulaire spontanée. Tout cela induit une détérioration croissante du système immunitaire et un déclin supplémentaire des cellules T anti-infectieuses.

 

A la recherche de nouvelles tactiques : dans cette étude, les scientifiques ont cherché à découvrir, chez des hôtes naturels, des tactiques efficaces de lutte contre les virus qui pourraient éclairer la conception de meilleurs médicaments antiviraux pour traiter le VIH chez les humains. Ils travaillent notamment sur le singe vert d'Afrique, un hôte naturel du VIH mais résistant vs le macaque rhésus, une espèce plus sensible au sida.

 

Le processus de cicatrisation crée un environnement protecteur propice : les chercheurs découvrent alors que, par contraste, les singes verts d’Afrique au début de l’infection par le SIV activent et maintiennent le mécanisme de cicatrisation de la plaie dans leur tissu muqueux : un remodelage du tissu muqueux s’effectue, avec l’aide des globules blancs. Les voies de cicatrisation sont activées, dont, notamment, précisent les chercheurs, une voie biologique qui « rappelle celle observée chez une salamandre capable de régénérer certaines parties de son corps ». Le singe vert, naturellement résistant au « sida » active donc un processus de cicatrisation des muqueuses, qui semble ici interrompre ou bloquer ainsi l'évolution de l’infection, évitant ainsi le développement du sida.

Ainsi, les événements biologiques impliqués dans la cicatrisation des tissus muqueux créent un environnement dans le corps propice à lutter contre les conséquences dévastatrices de l'infection par le SIV.

 

De nouvelles cibles possibles ? Les scientifiques font en effet l’hypothèse que certains aspects de cette réponse immunitaire cicatrisante pourraient être des cibles possibles pour de nouveaux traitements visant à prévenir le développement du sida chez les personnes infectées par le virus. En particulier, lorsque les chercheurs mesurent les changements dans l'expression des gènes au cours de l'infection par le SIV, ils constatent que l'activation des groupes de gènes impliqués dans la cicatrisation des plaies réduit également le risque de progression vers le sida. « Nous pensons que le processus de cicatrisation des plaies qui préserve l'intégrité des tissus pourrait prévenir les agressions inflammatoires sous-jacentes à l'épuisement immunitaire, à la mort cellulaire et au sida provoquées par le SIV ou le VIH », concluent les chercheurs.

 

En conclusion, le maintien de l’intégrité des tissus constituerait une stratégie thérapeutique précieuse pour éviter l’activation immunitaire systémique et la progression vers le SIDA. C’est une nouvelle voie de prévention qui s’ouvre, via des traitements qui stimulent la réponse cicatrisante de la plaie au cours d’une infection précoce. Ces mêmes traitements pourraient avoir un effet protecteur contre le développement du sida chez les personnes vivant avec le VIH.  


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