COCAÏNE : Chez les femmes, la dépendance suit le cycle menstruel
Ces chercheurs de l'Icahn School of Medicine à Mount Sinai (Bronx), en révélant un lien entre le cycle féminin et la dépendance à la cocaïne montrent que les fluctuations hormonales rendent les femmes particulièrement sensibles aux propriétés addictives de la cocaïne. Des conclusions étayées dans la revue Nature Communications qui appellent à mieux comprendre l’addiction féminine et à développer des prises en charges personnalisées, pour les hommes et les femmes.
On repense à cette étude de l'Université de Pennsylvanie qui révélait aussi un moment plus favorable, dans le cycle menstruel, soir juste après l'ovulation et avant les règles pour la prise des « bonnes décisions », dont l'arrêt du tabac. La dépendance féminine apparaissait déjà modulée par le cycle menstruel et les niveaux d'hormones.
Œstrogène et cocaïne, même évolution au cours du cycle : l'équipe de recherche a cherché à comprendre pourquoi les femmes, une fois qu'elles expérimentent la cocaïne, sont beaucoup plus susceptibles que les hommes de développer une addiction. Alors que le taux global de dépendance est plus élevé chez les hommes, de précédentes recherches ont montré que lorsque les femmes « essaient » la cocaïne et d'autres drogues, elles sont plus susceptibles que les hommes de poursuivre et leur transition vers la dépendance est alors plus rapide. Par ailleurs, d'autres études ont montré que les femmes sont plus susceptibles d'expérimenter la cocaïne à un âge plus précoce, d'en consommer de plus grandes quantités, et ont plus de difficulté à rester abstinentes. Enfin, il a été constaté que lorsque les niveaux d'œstrogène augmentent au cours du cycle, l'usage de cocaïne de cocaïne augmente simultanément.
Comprendre pourquoi : les chercheurs ont fixé chez des souris mâles et femelles, de minuscules sondes à fibre optique dans des zones spécifiques du cerveau, notamment celles connues comme impliquées dans la voie de récompense de la dopamine. Les souris femelles ont été suivies tout au long du cycle. L'étude constate que l'œstrogène affecte la quantité de dopamine libérée par les neurones en réponse à la cocaïne, ainsi que la durée durant laquelle la dopamine reste présente dans les synapses qui permettent la communication entre les cellules du cerveau. Chez les souris femelles, ces 2 phénomènes augmentent les effets agréables de la cocaïne et sont donc significativement renforcés au fur et à mesure que les niveaux d'œstrogène augmentent. Au point que les souris femelles vont plus rapidement faire le lien entre le plaisir ou la récompense et l'endroit où est distribuée la cocaïne : Les souris ont rapidement appris qu'un environnement particulier est associé à la drogue et cette localisation seule peut induire un signal de récompense de la dopamine même sans consommation de cocaïne.
L'hormone œstrogène intensifie la voie de récompense de dopamine du cerveau et démontre que la cocaïne a ses effets les plus puissants quand la libération d'œstrogène est à son plus haut. L'idée serait donc de prendre en compte voire de corriger par pilules contraceptives ou autres traitements, les niveaux d'hormones dans les interventions, chez les femmes. « Il s'agit de mieux comprendre les sujets féminins, alors que jusqu'à ce jour la plupart des recherches sur la toxicomanie a été menée chez des hommes », remarque le Dr Erin Calipari, auteur principal de l'étude. Il songe à une étude plus poussée de la voie œstrogène-récompense car il semble possible que les œstrogènes aient des effets similaires sur d'autres formes de toxicomanie.
Un mécanisme évolutif sous-jacent ? C'est l'hypothèse des chercheurs qui rappellent le lien entre l'œstrogène ou le plaisir de chercher un partenaire soit la récompense, des facteurs qui favorisent la survie de l'espèce. L'autre hypothèse serait qu'une augmentation des œstrogènes pourrait favoriser la recherche de nourriture, via des effets sur la signalisation de la dopamine, dans l'objectif de mieux engendrer la progéniture. Ces hypothèses de récompenses liées à la survie peuvent en effet également expliquer aussi une plus grande vulnérabilité des femmes à la dépendance.
Quoiqu'il en soit, ces données appellent à développer des approches optimisées dans la prise en charge de la toxicomanie chez les femmes.
10 January 2017 doi:10.1038/ncomms13877 Dopaminergic dynamics underlying sex-specific cocaine reward
Lire aussi : ARRÊT du TABAC: Le moment idéal, pour les femmes, du cycle menstruel -
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