Comment l’INSUFFISANCE RÉNALE mène à l’insuffisance cardiaque
On savait que les personnes atteintes d'une maladie rénale chronique ont un risque plus élevé de maladie et de décès cardiaque. Cette recherche de l'Université d'Alabama à Birmingham, révèle un changement pathologique qui semble relier les maladies rénales aux maladies cardiaques progressives. Un lien entre l'insuffisance rénale chronique et l'insuffisance cardiaque vient donc d’être identifié : la dysfonction microvasculaire coronaire, précurseur déjà documenté d’insuffisance et d’événements cardiaques. Cette découverte, présentée dans la revue Circulation, désigne ainsi une nouvelle cible thérapeutique pour prévenir le développement de la comorbidité cardiaque.
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La maladie rénale chronique atteint aujourd’hui une prévalence élevée soit environ 14% en population générale dans les pays riches. Par ailleurs, la maladie cardiaque reste la principale cause de décès dans le monde. Identifier le changement pathologique qui relie ces 2 maladies chroniques constitue donc une avancée considérable pour tenter de réduire le risque de comorbidité cardiaque.
La réserve de flux coronaire est un facteur prédictif d’un dysfonctionnement du ventricule gauche
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Un dysfonctionnement microvasculaire coronaire : c’est la cible désignée par cette équipe de la Harvard Medical School, chez des partricipants souffrant de maladie rénale chronique. Le dysfonctionnement microvasculaire coronaire est caractérisée par une diminution du flux sanguin dans les petits vaisseaux sanguins à l'intérieur du muscle cardiaque qui fournissent de l'oxygène et de l’énergie au cœur qui en a besoin pour pomper. Dans un cœur en bonne santé, ces vaisseaux sanguins ressemblent à un réseau en filigrane serré qui maintient le tissu musculaire cardiaque. Chez les patients insuffisants rénaux, le cœur malade a perdu une grande partie de ce réseau.
Chez les patients vivants, cependant, ces petits vaisseaux sanguins à l'intérieur du muscle cardiaque ne peuvent pas être visualisés, les analyses de flux sanguin de patients vivants ne visualisant que les artères coronaires extérieures plus grandes. L’équipe a donc mené ces analyses sur des cœurs post-mortem.
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La réserve de flux coronaire (FFR pour Fractional Flow Reserve) a été évaluée par les chercheurs par tomographie par émission de positons (PET scan), chez 352 patients atteints d'insuffisance rénale chronique, suivis durant plus de 4 ans. Cette mesure représente l'augmentation maximale du flux sanguin à travers les artères coronaires au-dessus du volume en situation de repos. Les participants présentaient tous une fonction cardiaque saine mesurée par la fraction d'éjection et ne présentaient aucun signe de maladie coronarienne manifeste. Durant le suivi, 108 patients ont connu des événements cardiaques majeurs, dont l'hospitalisation pour crise cardiaque non mortelle, l’insuffisance cardiaque ou le décès de cause cardiaque. L’analyse révèle que :
- la réserve de flux coronaire est un facteur prédictif significatif d’une mécanique anormale du ventricule gauche et plus globalement, du risque cardiovasculaire. Cette anomalie est en effet en cause dans 19 à 24% des dysfonctionnements diastoliques du ventricule gauche, 19 à 42% des dysfonctionnements systoliques du ventricule gauche et 32% des événements cardiovasculaires majeurs.
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Ces travaux apportent ainsi de nouvelles preuves importantes que le développement d'un dysfonctionnement microvasculaire sévère signale probablement un remodelage du ventricule gauche qui augmente le risque d'insuffisance cardiaque et de décès chez les patients atteints d'une maladie rénale chronique.
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Ces données suggèrent ainsi une voie de développement possible de la cardiopathie chez des patients insuffisants rénaux néanmoins exempts au départ de cardiopathie ischémique manifeste. C'est peut-être aussi une nouvelle voie thérapeutique pour prévenir cette cardiomyopathie urémique.
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